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Histoire de Montdidier
Livre II - Chapitre II - Section II

par Victor de Beauvillé

Section II

Fondation de l'église actuelle

Opposition des Bénédictins

Portail

Clocher

 

Les paroissiens du Sépulcre n'avaient pas attendu que leur église fût détruite par les Anglais pour songer à en édifier une autre. Les incendies et les siéges, qui avaient désolé Montdidier dans le quinzième siècle, avaient fort endommagé cet édifice, trop étroit d'ailleurs pour le nombre de fidèles auquel il était destiné ; aussi, dès le commencement du seizième siècle, les habitants s'étaient occupés d'élever une église qui fût en rapport avec les besoins de la population. Comme la place leur manquait, ils s'adressèrent au corps de ville pour obtenir l'abandon d'un terrain situé au bas de la rue de la Mercerie (rue Parmentier), sur lequel existait un ancien four banal : la requête des habitants est de 1504. La réponse des maïeur et échevins ne pouvait être que favorable ; voici la délibération de l'échevinage :

« Du 16 février 1504. A esté vene une requeste presentée aux mayeur et eschevins par les marguelliers et paroissiens de l'église du Saint-Sepulchre afin d'avoir don et octroy de la masure du grand four à tout le moins tel droit que la ville y a, pour illec eriger et ediffier ladite église laquelle tourne en décadence. Sur quoy les mayeur et eschevins ont esté d'advis, enterinant ladite requeste d'accorder auxdits paroissiens et marguelliers en tant que eux est, tout tel droit, soit de propriété cens ou surcens que lad'ville peut et doit avoir en ladite place et jardin ou souloit estre le grand four, pour y eriger lad. église et non autre chose, sur ce préalablement appelée la commune de la ville, avec les maires de bannieres à son de cloches, ce qui ayant esté fait, tous les habitans ont accordé lad. requeste et tout tel droit que la ville a et peut avoir aud. lieu dud. grand four pour y édiffier et construire lad. église et non autrement. »

Les travaux furent poussés avec vigueur. En 1516, l'église était assez avancée pour que l'on posât les verrières. Le 5 avril 1519, François de Halluin, évêque d'Amiens, vint en faire la bénédiction. Cette formalité faillit être retardée par un incident imprévu. Une partie de l'église occupait l'emplacement d'une masure dite de la Cheille, sur laquelle les Bénédictins avaient droit, de prendre 15 sous de surcens par an ; la construction de l'église leur faisait perdre ce léger revenu : moins généreux que la commune, qui abandonnait gratuitement son terrain, le jour même où la bénédiction devait se faire, les moines y formèrent opposition, déclarant que la cérémonie n'aurait point lieu, tant qu'on ne leur garantirait pas la jouissance des 15 sous de surcens qui leur appartenaient.

Les Bénédictins étaient dans leur droit, mais ils en usaient avec une rigueur excessive. Leur communauté avait de l'influence ; ils étaient les seigneurs ecclésiastiques de la ville et toutes les paroisses relevaient d'eux : bon gré, mal gré, il fallut se soumettre à ce qu'ils exigeaient. Les marguilliers signèrent, une reconnaissance portant « qu'ils n'entendoient que la bénédiction de lad. église prejudiciât aux droits desd. religieux, qu'ils savoient que lad. somme de 15 sols leur estoit due par chacun an, qu'ils leur avoient paiée et entendoient leur en continuer le paiement. » François de Halluin, tout haut et puissant seigneur qu'il était, d'une des plus nobles et plus illustres familles du royaume, dut s'incliner aussi devant la volonté des Bénédictins ; avant de procéder à la bénédiction d'une église de son diocèse, il fut obligé de déclarer par-devant notaire : « qu'il n'entendoit faire chose au préjudice desd. religieux ny de leur droit, et ne voulloit empescher qu'ils ne prissent lesd. surcens, selon qu'ils avoient accoustumés. »

L'évêque d'Amiens était logé rue des Juifs, chez Pierre de Vuignacourt, écuyer, capitaine de Montdidier. Une partie de sa maison existait encore en 1842 ; elle fut démolie pour faire place à celle qui se trouve à gauche après l'hôtel de la sous-préfecture. Il y avait une charmante petite fenêtre en pierre, ornée d'arabesques et de figurines d'un travail exquis, qui fut stupidement brisée par les maçons : je ne puis m'empêcher d'en regretter encore la perte.

Ce n'était pas, comme on le répète par ignorance, le temps du bon plaisir que le temps passé : le droit était aussi respecté et la propriété entourée de plus de garanties qu'aujourd'hui. La commune et l'évêque d'Amiens sont obligés de s'arrêter devant une simple protestation des Bénédictins, et n'osent passer outre ; alors, on ne connaissait pas la loi sur l'expropriation forcée, législation toute moderne, et perpétuellement suspendue comme une menace au-dessus de la tête du propriétaire.

L'extérieur de l'édifice était des plus désagréables ; à voir sa façade, on ne se doutait pas de ce qu'il renfermait intérieurement. Le portail n'avait jamais été qu'ébauché. Godefroy de Baillon, garde du scel du bailliage de Vermandois, avait fait faire la grande arcade évasée en renfoncement qui servait de porche, mais on n'alla pas plus loin ; la voussure était restée absolument nue, et rien ne dissimulait son manque de proportion. Au lieu du portail qui devait former la façade, on accola, en 1600, contre l'arcade élevée par Godefroy de Baillon, un lourd massif de maçonnerie, et on crut décorer ce malheureux pastiche au moyen de deux pilastres ioniques, cannelés, placés de chaque côté et séparés par deux niches superposées. Ces pilastres n'avaient plus de chapiteaux ; l'entablement qui les surmontait, remplacé par des briques à demi usées, avait disparu, et laissait apercevoir le gros mur de fermeture de l'église, dont la surface blanche, dépourvue de tout ornement, excitait la critique des personnes même les moins connaisseuses.

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Les monuments publics sont parfois exposés à des dégradations incroyables : on transforma en jardin le dessus du portail, et la voûte fut chargée d'une épaisse couche de terre ; bientôt les eaux causèrent des crevasses qui firent craindre la chute de cette partie de l'édifice ; enfin, en 1736, une délibération du conseil de fabrique prononça la suppression de ce jardin suspendu.

Deux portes donnaient entrée clans l'église ; elles étaient séparées par un trumeau sculpté, sur lequel reposait une statue peinte de la Vierge, surmontée d'un dais pyramidal. Sur le linteau il y avait deux écussons soutenus par des anges : ils avaient été grattés à la Révolution ; cependant on distinguait encore sur l'un une crosse d'abbé, ce qui faisait supposer qu'il représentait les armes de l'abbaye d'Ourscamp, qui, propriétaire d'un moulin dans le faubourg Saint-Martin, avait fait plusieurs dons à la paroisse. Sur l'autre écusson on reconnaissait parfaitement les armoiries de Pierre de Vuignacourt, dont il a été parlé dans le chapitre précédent. Nous avons donné une petite vue de ce portail au bas du plan de Montdidier ; il fut abattu en 1853 : sa disparition n'a excité aucun regret.

Le portail actuel a été construit en 1853-1855. Il se compose d'un seul porche, profondément renfoncé, dont la baie de porte, divisée en deux travées, est séparée par un meneau décoré de légères moulures et de la statue de Notre-Seigneur ressuscitant. L'imposte est ornée d'enroulements et de découpures, dans lesquels se marient sans confusion le dais de forme pyramidale qui couronne la statue de Notre-Seigneur et les archivoltes en accolades fleuronnées de la porte. Douze petits groupes, reproduisant des scènes de la Passion, garniront la voussure ; dans les pieds-droits, au-dessous, sont placées les statues de la sainte Vierge et de saint Jean-Baptiste, supportées par des piédestaux taillés avec beaucoup de délicatesse. Autour et sur le devant de cette voussure, une arcature à jour complète richement la décoration du porche, qui est terminé par un fronton triangulaire, dont les rampants sont chargés de beaux fleurons et le tympan d'enroulements aveugles. Au centre, on voit les armes des chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem : d'argent, a la croix de gueules potencée, cantonnée de quatre croisettes de même. Ce fronton se détache sur un fond de muraille, dont la partie haute est coupée de panneaux pleins, couronnés par une balustrade à jour. En arrière de cette balustrade apparaît une pointe de pignon construite à neuf : les rampants sont fleuronnés et le centre est percé d'une rosace.

Les deux contre-forts qui flanquent le portail sont à triple étage de pyramides placées alternativement d'angle et de face, et ornées de frontons accoladés, de choux et de fleurons ; à la partie inférieure se trouvent les statues de saint Lugle et de saint Luglien, et celles de saint Félix et de sainte Justine, patrons de mon père et de ma mère, bienfaitrice de cette église : ces statues sont de M. Louis Duthoit ; elles ont été posées le 3 avril 1857. A droite est une tourelle dont le comble est gracieusement surmonté d'un bouquet de fer et de plomb : à l'angle de la rue qui longe l'église, on a pratiqué, en faisant le raccord de la nouvelle maçonnerie avec l'ancienne, une niche élégante, dans laquelle est placé en sentinelle saint Victor, mon patron. A la richesse de l'ornementation vient s'ajouter le luxe des matériaux, qui se composent de pierres de taille, de grand échantillon, tirées des carrières des environs de Creil.

Ce beau portail a été exécuté sur les plans et sous la direction de M. Herbault, architecte du département ; il lui fait infiniment d'honneur : c'est une imitation très-heureuse du style fleuri flamboyant, et l'une des rares productions modernes où l'on ait combiné avec bonheur les règles du goût avec l'application exacte des formes architectoniques d'une autre époque. On doit vivement regretter, en examinant la jolie façade du Saint-Sépulcre, que les grands travaux entrepris dans ces dernières années à la cathédrale d'Amiens n'aient point été confiés à M. Herbault ; bien des fautes lourdes auraient certainement été évitées. MM. Duthoit frères, sculpteurs à Amiens, se sont chargés de la décoration ; elle a été exécutée sous leur surveillance par M. Lépinoy, qui y a travaillé pendant près d'un an. Les groupes de la voussure ne sont point encore commencés ; M. Louis Duthoit, surchargé de travaux, ne peut répondre que lentement à la louable impatience des personnes qui ont recours à son ciseau. Combien de prétendus grands artistes de la capitale sont loin d'avoir le talent de cet habile et modeste statuaire ! Il y aurait de l'injustice à passer sous silence le nom de M. Louis Galand fils, de Montdidier, entrepreneur des travaux ; il s'est acquitté de cette tâche difficile avec autant de soin que d'intelligence, secondé par César Dubermey, de Namps-au-Val, appareilleur de l'œuvre. A chacun suivant son mérite.

Voici les dimensions du portail :

Hauteur depuis le sol jusqu'à la pointe du pignon

24m.

Hauteur de la petite tour, toiture comprise

23m.

Grosseur de la tour extérieurement

2m,50.

Hauteur des contre-forts

20m.

Hauteur du portail jusqu'au-dessus de la balustrade

16m,50.

Hauteur extérieure du porche

10m.

Largeur

8m,36.

Le portail a été entièrement payé par des dons volontaires ; on n'a importuné  personne ; on n'a pas été de porte en porte arracher l'argent par des sollicitations fatigantes ou par l'appât trompeur des loteries ; les fonds ont été donnés librement, spontanément. Lorsque l'on compare ce qui se passe dans une petite ville comme Montdidier avec ce qui a lieu dans la capitale, on est frappé de la différence, et combien la comparaison n'est elle pas à notre avantage ! A Paris, élève-t-on un monument, ouvre-t-on un quartier, élargit-on une rue, ou remue-t-on un pavé, de suite la France est forcée d'y prendre part : on pressure le contribuable des départements, qui ne profite en rien de ces améliorations ; on fait et refait l'ouvrage a deux et trois fois, comme si les bévues des architectes étaient chose sans conséquence et peu coûteuse. Dans une humble cité comme la nôtre, au contraire, que voyons-nous ? Voici un portail qui, avec les accessoires indispensables, va coûter près de 40,000 fr. ; de simples particuliers en font les frais. Le gouvernement n'a pas donné un centime, et l'administration des ponts et chaussées, on aura peine à le croire, a été jusqu'à refuser quelques centimètres de terrain nécessaires pour régulariser la façade. Le gouvernement, il est vrai, n'a pas été mis en demeure de venir en aide à l'église ; le conseil municipal, invité à coopérer à cette reconstruction pour la modique somme de 1,000 fr., fut assez mal inspiré pour rejeter cette demande. Un pareil vote est déplorable. Le conseil général du département et le ministère de l'intérieur auraient peut-être contribué à l'œuvre de restauration ; mais, en présence du mauvais vouloir des conseillers municipaux, il n'y avait plus possibilité de réclamer aucune part dans les fonds de secours destinés aux monuments publics. Ce n'est pas seulement l'église du Sépulcre qui a souffert de ce vote inintelligent, c'est encore la ville tout entière, car elle est la première intéressée à l'embellissement de ses édifices, et ceux qui la représentent, en la privant d'un subside opportun, ont méconnu ses véritables intérêts et très-mal compris leur mandat. Combien il est pénible de voir les personnes qui devraient donner une impulsion salutaire agir précisément en sens inverse, et, soit par rancune, par jalousie ou manque de goût, se faire un triste plaisir d'entraver une entreprise qu'elles auraient dû encourager de tous leurs efforts.

La démolition de l'ancien portail a nécessité des réparations importantes à la tour du clocher. La base était en fort mauvais état, ce dont on ne se doutait guère, car les dégradations qu'elle avait éprouvées étaient recouvertes par une maçonnerie d'une certaine épaisseur ; ces détériorations provenaient sans doute de l'établissement du jardin existant au-dessus du porche, et de l'infiltration des eaux qui en fut la suite ; la tour a été refaite en sous-œuvre jusqu'à une assez grande hauteur, et maintenant elle semble parfaitement consolidée. (Pièce just. 72.)

Le clocher est à gauche du portail ; il est carré et large de 7m,33 sur chaque face ; il a été achevé en 1584 ; la galerie de pierre qui devait le couronner n'a jamais été posée. Une tourelle octogone, faisant corps avec le clocher, renferme l'escalier ; elle est terminée par une petite flèche couverte d'ardoise. Dans un extrait de compte de la ville on lit : « Aux paroissiens de l'église du Saint-Sépulchre a esté payé 150 livres par ordonnance du mois de juin 1581 et avril 1582, pour estre emploiées à bastir la tour du clocher de ladite église, qui est faite en forme de forteresse et peut servir tant dedans que dehors la ville de batterie et pour faire le guet, ce qui sera fort advantageux. » Cette tourelle fait une légère saillie sur la rue ; aux trois quarts de sa hauteur on voit une statue de sainte Catherine, à laquelle on a coupé la tête pendant la Révolution ; contre un pilier-butant à côté se trouve une statue de saint Antoine, laquelle a subi la même mutilation. Sur la façade septentrionale on remarque de nombreuses traces de balles que l'on croit provenir d'un engagement qui aurait eu lieu entre les protestants et les catholiques ; le clocher est surmonté d'une pyramide de charpente fort allongée, ayant la forme d'un cône tronqué, terminé par deux hautes tiges de fer ouvragées, supportant chacune un coq. Depuis le pavé jusqu'au sommet on compte 45 mètres.

Avant la révolution la sonnerie se composait de quatre cloches, qui avaient été données, la première par la noblesse, la seconde par le bailliage, la troisième par le corps de ville, et la quatrième par le curé et les marguilliers ; envoyées à la fonderie en 1792, elles furent remplacées en 1804 par d'autres cloches dues en partie à la libéralité des familles Cocquerel et Cauvel de Beauvillé. Le son de ces cloches n'ayant point paru assez fort au curé actuel, il fit une quête chez ses paroissiens, qui, toujours empressés de concourir à la splendeur de l'église, lui ouvrirent généreusement leurs bourses. Une somme de 5,624 francs paya la dépense de trois nouvelles cloches. Elles furent fondues en 1841 par M. Cavillier, à Carrepuis, près Roye ; la plus grosse pèse 1,057 kilogr., la seconde 751 kilogr., et la troisième 529 kilogr. : le 19 octobre 1841, Mgr Mioland, évêque d'Amiens, vint en faire la bénédiction. Cette sonnerie est plus supportable que l'ancien carillon, qui, les jours de fête et les dimanches, étourdissait les oreilles ; mais nous dirons de la sonnerie de l'église du Sépulcre ce que nous avons dit de celle de Saint-Pierre, c'est un luxe parfaitement inutile et souvent fort incommode ; avec ce que les cloches ont coûté on aurait payé une partie de la dépense du portail.

Le comble de la nef, en bois de chêne, ressemble à une carêne de navire renversée ; il sert de retraite à une quantité innombrable d'oiseaux de nuit qui répandent une odeur infecte ; l'église Saint-Pierre est exempte de ces hôtes désagréables ; nous ne savons à quoi attribuer cette différence.

Au nord et à l'est, l'église est entourée de maisons qui empêchent d'en saisir l'ensemble ; le côté méridional longe la rue du Puits-de-l'Eau-Bénite ; la muraille, tout unie, est bâtie en pierres de moyen appareil. A l'extrémité, un lion de pierre surmonte la chapelle du Sépulcre ; il tient un écusson sur lequel sont sculptées les armes de la famille de Baillon : d'azur, à la croix d'or cantonnée de quatre croisettes de même. Il n'y a le long de l'édifice, pour soutenir la poussée des murs, ni piliers ni arcs-boutants, bien que le transsept soit d'une grande élévation : cette hardiesse prouve en faveur de l'architecte ; il s'est conformé, dans l'orientation, à l'usage généralement adopté.

Sur un contre-fort du chœur, au midi, on lit l'inscription suivante :

M. PETIT Rr ET DECANUS
CHASIS SANCTI SEPULCHRI
ACCOLIS SEU PARœCIANIS
VIVIS ET DEFUNCTIS UT SIT
PAX ET REQUIES EXOPTAT.

Parva sepulchricolis sint hæc monimenta relictis
  Parvi, qui vivens inquesepultus abit.
Ossa nimis pulchrum hoc minime meruere sepulchrum
  Hæc tulit ignoto seppelienda solo.
Ergo valete omnes qui vivitis inquesepulti
  Quique sepulti sunt ; regna beata colant.

SERMO ALLEGORICUS.

Nauta Petitæus quater octo rexerat annis
Navem hanc, cum fugiens pelagum sola sola petivit.

Au-dessous, et en caractères plus petits :

Cogit amor patriæ lachrymarum fundere rivos
Maxima queis cœli gaudia miscet amor.
Inter utrumque volans animus certavit amorem
Desertum petiit, victus amore Dei 1643.

Ces quatre derniers vers sont d'une époque antérieure à l'inscription au-dessous de laquelle ils se trouvent. En effet, en 1643, Michel Petit n'était pas doyen de Montdidier ; il ne fut nommé à cette place qu'en 1644, en remplacement d'Antoine du Rachinoy, curé de Saint-Pierre, décédé le 29 juillet de cette année. Sur un autre contre-fort du chœur, on voit encore une inscription de ce Petit, rector et decanus, qui avait la manie doublement malheureuse d'écrire son nom sur les murailles et de versifier d'une manière inintelligible.

Contre un des contre-forts du transsept, au nord, on lit :

MICHAEL PETIT INDus Prer HANC VIGINTI
ANNIS REXIT ECCLESIAM DECANATU QUE
POTITUS EST TANTIS ONERIBUS NE
SUCCUMBERET ABIIT ET MONDIDERINIS HOC

Au-dessous est une inscription illisible, contenant seize vers en l'honneur de Petit ; près de là, contre la muraille de la nef, quelques lignes presque entièrement effacées sont aussi consacrées à ce curé vaniteux, qui prit tant de soin de son vivant de transmettre son nom obscur à la postérité ; il méritait certes que nous l'eussions laissé dans l'oubli dont il n'était point sorti. Dans l'inscription que nous avons rapportée en dernier lieu, Michel Petit dit qu'il a été vingt ans curé du Sépulcre, et, dans la première inscription, qu'il aurait administré cette paroisse pendant trente-deux ans, quater octo. Il y a là une contradiction manifeste. Quel est le monument que Michel Petit a laissé ? L'inscription en parle, c'est tout ce que nous en savons. Peut-être ce monument n'est-il que l'inscription elle-même. Quant à avoir quitté Montdidier pour ne point succomber sous la charge énorme de curé du Saint-Sépulcre, c'est ce que Petit ne fit point, et prudemment il conserva sa cure et le titre de doyen jusqu'à sa mort, arrivée au mois de mars 1659.

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