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Histoire de Montdidier
Livre II - Chapitre IX - Section II

par Victor de Beauvillé

Section II

Configuration et indication des rues

Atelier monétaire

Anciens hôtels

Étuves

Désordres qui s'y passaient

Puits

Projet de fontaines publiques

Police des incendies

 

Il y a à Montdidier cinquante rues, ruelles et places ; parmi ces dernières, trois seulement méritent ce nom ; ce sont : dans la ville, la Place proprement dite, qui sert de marché au blé ; et dans les faubourgs d'Amiens et de Roye, le Marché-aux-Chevaux et le Marché-aux-Vaches. La cité est divisée dans sa longueur par une grande voie, qui part du faubourg de Paris et se termine à la promenade du Prieuré, en prenant successivement les noms de rue Parmentier, de la Croix-Bleue et de Saint-Pierre ; elle s'élargit entre les deux premières, et forme la Place ou le Marché-au-Blé : il en est parlé dans un arrêt du parlement de l'an 1290, que nous avons rapporté, page 118. Au carrefour des Six-Coins, une rue se détache de cette artère principale, et conduit dans le faubourg d'Amiens ; une autre rue se dirige, à gauche, vers le faubourg Becquerel, et, par une descente rapide, met ce faubourg et ceux de Saint-Martin et de Saint-Médard en communication avec la haute ville.

Presque toutes les rues aboutissent à la grande voie dont nous venons de parler ; elle sont fort étroites de ce côté, et vont en s'élargissant vers l'extrémité opposée ; les rues des Juifs, de la Halle-aux-Draps, Germain, du Bourget, Capperonnier, des Tripes, etc., sont dans ce cas ; si la population était plus nombreuse et la circulation des voitures plus fréquente, il serait difficile d'éviter les accidents. Le rétrécissement de ces rues vers la Place provient de l'usage où l'on était anciennement de fermer les rues par des chaînes pour se défendre contre l'ennemi ; plus l'entrée était resserrée, plus la résistance était facile. A Montdidier, l'ennemi ne pouvait pénétrer dans ces rues que du côté de la Place, puisque de l'autre bout elles touchaient aux remparts, qui formaient une excellente fermeture ; c'est ce qui explique pourquoi elles vont toujours en diminuant de largeur des extrémités au centre de la ville.

Les rues sont roides, très-peu sont droites ; on ne tient pas la main à l'alignement, de crainte de se faire des adversaires ; le plan de la ville, arrêté en 1819, fixait la largeur des rues à cinq mètres au minimum ; il a été modifié depuis. Les règlements concernant la voirie sont depuis longtemps mis en oubli : tous les jours ils sont violés audacieusement sons les yeux de l'autorité, qui se rend complice de ces infractions. Cette faiblesse coupable est une des causes qui retardent l'embellissement de Montdidier ; on laisse reconstruire des masures qu'on devrait jeter bas impitoyablement ; des rues qui, avec un peu de bonne volonté et le sentiment du devoir, seraient aujourd'hui larges, régulières et bien bâties, présenteront pendant des siècles encore l'aspect le plus désagréable.

Voici l'indication des rues avec leurs anciens noms et ceux que la première République avait imposés. Ces détails topographiques sont nécessaires pour l'entente des titres dans lesquels il en est fait mention. Nous n'avons énoncé ni le point de départ des rues, ni l'endroit où elles finissent ; la carte jointe à l'ouvragedonne à cet égard des renseignements suffisants.

NOMS ACTUELS. NOMS ANCIENS. NOMS RÉPUBLICAINS.

Rue de la Place, du Marché-au-Blé

Le Bourg, le Marché

Place de la Révolution

Parmentier

De la Mercerie

De la Montagne.

Capperonnier.

Des Escohiers, du Grenier-à-Sel, des Écoliers.

Moïse Bayle.

Des Pintelettes

Des Pintelettes

De Beaurepaire.

Des Juifs

Des Juifs

Pelletier.

De la Commanderie

Des Chiens-Verts, des Marguilliers ; de la Commanderie

De la Loi.

De la Halle-aux-Draps

De la Halle-aux-Draps

Des Gardes-Françaises.

Du Pressoir

Id.

Des Piques.

Germain

Id.

De la Carmagnole.

Rue et place de la Croix-Bleue

La Grande-Rue, de la Croix-Bleue

De la Fraternité.

C'est là que se tient le marché au beurre et aux œufs.

Il y avait à cet endroit une croix de pierre peinte en bleu, élevée de trois degrés. Depuis 1760, elle servait de méridien pour le public, et on y avait placé cette inscription : Sol mihi sit tibi crux. En 1793, pour la préserver de la destruction, on la peignit aux couleurs nationales, et on la surmonta du bonnet rouge ; mais rien ne put la sauver, et malgré ce déguisement elle fut abattue : cette croix, existait dès 1562.

 

Rue des Tripes

Du Puits-aux-Tripes

Simonneau.

De Becquerel

De Becquerel

Du Bonnet-rouge.

De Saint-Pierre

De Saint-Pierre

De la Raison.

Rue et place des Six-Coins

Des Six-Coins

De la Réunion.

D'Amiens

D'Amiens

De l'Humanité.

Du Bourget

Du Bourbier, de la Mare-du-Bourbier, du Bougé, de la Mare-du-Bougé, du Bourget

De la Baïonnette.

 

Cette rue tirait son nom d'une mare qui se trouvait à son entrée.

 

De Bertin

Du Bourgel, du Bourget, du Marché-aux-Herbes

De la Baïonnette.

Ce nom lui a été donné en souvenir de cette famille, qui y demeurait. La maison des de Bertin faisait l'angle de cette rue avec celle des Bordeaux.
     Le marché aux légumes s'y tient quatre fois par semaine.

Elle est plus connue sous ce nom que sous celui de Bertin ; c'est la continuation avec de la rue précédente, avec laquelle elle se confond quelquefois dans les anciens titres.

 

Des Bordeaux

Du Bordel

De la Liberté.

Des hurleurs

La Putain-Ruelle, des Vieilles-Écoles

Des Enfants-de-la-Patrie.

De la Borne-du-Lion

De la Borne-du-Lion

De la Constitution.

De Roye

De Roye

Marat.

Des Cuisiniers

Des Fèvres, du Vert-Manteau, des Cuisiniers

De la Gamelle.

Des Capucins

Du Saint-Sépulcre

Des Sans-Culottes.

C'est dans cette rue que se tient le marché aux volailles.

 

 

De l'Église-du-Sépulcre

Du Grand-Four, du Puits-de-l'Eau-Benite.

Charlier.

Du Puits-de-l'Eau-Bénite

Des Murs, des Morts, du Puits-de-l'Eau-Bénite

De l'Égalité.

De la Mare-des-Capucins

De la Mare-aux-Pourceaux, de la Mare-du-Saint-Sépulcre, de la Mare-aux-Grès.

Du Pas-de-charge.

De la Faucille

De la Vieille-Église, de la Faucille

Du Père-Duchesne.

Du Moulin-à-Vent

De la Porte-de-Noyon, de la Vieille-Monnaie, du Moulin-à-Vent

Du Son-du-Canon.

Boulevard de Compiègne

 

 

Faubourg d'Amiens

Faubourg-d'Amiens

D'Amiens.

De la Mare-du-Chemin-Vert

De la Mare-à-Foucault, ainsi appelé d'un jardin appartenant au sieur Foucault, inspecteur des chemins en 1743.

 

Du Manège

Du Marché-aux-Chevaux

Du Manége.

Place du Marché-aux-Vaches

 

 

Place du Marché-aux-Chevaux

 

 

De la Raquette

 

 

Du Faubourg-de-Roye

Du Faubourg-de-Roye

D'Avre-libre.

De Compiègne

De Cuvilly

De Compiègne.

De Rouen

 

 

Du Val-à-Carré

Du Val-à-Carré

De Rollot.

Faubourg-de-Paris

Faubourg-de-Paris

De la République.

De Tricot

De la Croix-Saint-Jacques

De Paris.

Faubourg-Saint-Luc

 

 

D'un nommé Luc Duvivier, qui, en 1823, y construisit le premier une maison.

 

 

Petite rue de l'Abreuvoir

De l'Abreuvoir

De Beauvais.

Grande rue de l'Abreuvoir

 

 

Rue Marié, sur le revers de la Contrescarpe

 

 

Du nom d'un garde champêtre qui y demeurait il y a quelques années. Ce sont là les illustrations dont, aujourd'hui, on donne le nom aux rues de Montdidier.

 

 

Des Tanneries

Des Tanneries

Des Tanneries.

Du Faubourg-Becquerel

Du Faubourg-Becquerel

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Des Moulins.

Du Faubourg-Saint-Martin

Du Faubourg-Saint-Martin

On l'appelle aussi rue Fernel.

 

 

De Breteuil

C'est la partie comprise entre l'écluse et le pont de l'Ave-Maria ; on la confondait autrefois avec la rue Saint-Médard, dont elle est le prolongement.

 

De Saint-Médard

De Saint-Médard

De Breteuil.

La promenade du Prieuré

Le Prieuré

Le Cours-civique.

La rue des Fossés de la Porte-de-Paris, de la Ça-ira sous la République, forme à présent le prolongement de la rue du Puits-de-l'Eau-Bénite ; la rue de la Poterie joignait la rue des Écoliers à la rue des Juifs, elle se confond avec la rue Capperonnier ; l'extrémité de la rue des Juifs près le fossé s'appelait la rue de la Poterne ; la rue des Boucliers était en descendant à la porte Becquerel, et celle des Tilleuls à Saint-Médard ; il est fait mention dans de vieux titres des rues aux Usuriers, de la Sangle, des Boulangers, aux Saugniers, au Sac, des Teinturiers, près le pont de l'Écluse, etc. ; le pont de l'Écluse (aujourd'hui supprimé), dans le faubourg Saint-Médard, s'appelait anciennement pont Saint-Étienne, et le pont de l'Ave-Maria, le pont d'Amour.

Quelques rues étaient affectées spécialement à certains corps de métiers dont elles prenaient le nom ; telles étaient les rues aux Fèvres, celles des Teinturiers, des Tanneries, des Escohiers, de la Halle-aux-Draps, etc. Nous avons, dans le cours de cet ouvrage, indiqué les motifs qui valurent à la rue du Moulin-à-Vent le nom qu'elle porte aujourd'hui ; elle perdit celui de rue de la porte de Noyon, sous lequel elle fut connue en premier lieu, quand, dans le quinzième siècle, on eut muré la porte qui était à l'extrémité. Le nom de rue de la Vieille-Monnaie, qu'on lui donna ensuite, lui vient d'un atelier monétaire qui s'y trouvait dans les quatorzième et quinzième siècles. Combrousse et Cartier citent Montdidier au nombre des villes où l'on frappait monnaie à cette époque. Suivant eux, l'atelier monétaire de Saint-Quentin aurait été transféré d'abord dans nos murs, puis à Amiens. Sous le règne de Charles VI, les monnaies furent altérées : afin de remédier au désordre qui s'était introduit dans la fabrication des espèces et reconnaître d'où provenaient celles qui étaient mal fabriquées, on imagina les points secrets, c'est-à-dire, pour chaque ville où l'on battait monnaie, l'apposition d'un petit point sous une des lettres de la légende, selon l'ordre réglé par une ordonnance spéciale. Pour savoir si une pièce a été frappée à Montdidier à l'époque de l'invention des points secrets, c'est-à-dire à partir de la fin du quatorzième siècle et dans la première moitié du quinzième siècle, il faut compter les lettres de la légende marquée sur la pièce et s'arrêter à la dix-septième ; si au-dessous de cette dix-septième lettre il y a un point, on peut considérer comme presque certain que cette pièce a été frappée dans notre cité.

Le nombre des hôtels, pour parler le langage du temps passé, était considérable ; les habitations particulières, aussi bien que les maisons destinées à recevoir les voyageurs, portaient des noms significatifs ; des enseignes bizarres, appendues ait-dessus de la porte, servaient, comme aujourd'hui les numéros, à désigner chaque demeure. Il y avait l'hôtel Saint-Adrien, Saint-Christophe, du Cerf-Volant, de l'Écrevisse, de la Sereine, de l'Escu-de-Bourbon, du Cornet-d'Or, del'Eschelle, du Dauphin, de la Balance, de l'Escopette, de la Grosse-Tête, de la Hache, du Sagittaire, des Lais-Enfants, de l'Escu de-Bourgogne, de l'Échiquier, des Coquelets, Saint-Martin, de l'Ange, Sainte-Catherine, du Blanc-Cerf, du Pélican, des Trois-Rois, de l'Épée, du Rouge-Lion, de la Truie qui file, du Soleil, du Chat, du Vert-Manteau, du Haulme, de la Blanche-Croix, de l'Éléphant, Saint-Quentin, de l'Ane-Rayé, de la Rose, du Renard, de la Couronne, du Mouton, Sainte-Barbe, de la Corne-de-Cerf, du Poisson-d'Or, Saint-Antoine, Saint-Claude, du Griffon, de l'Étoile, des Trois-Maillets, de la Fleur-de-Lys, Saint-Georges, etc. Cet usage de distinguer les maisons par un nom existe encore à Schônau, près Tœplitz, en Bohême.

Tous ces hôtels se touchaient presque et se trouvaient réunis dans quelques rues, principalement dans celles des Cuisiniers, de la porte de Roye, de la Mercerie et sur la Place. A droite, en descendant, après l'hôtel de ville, il y avait l'hôtel Sainte-Barbe, ceux des Trois-Rois, du Pélican et du Soleil ; de l'autre côté se trouvaient les Trois-Maillets, le Cigne, la Fleur-de-Lys, Saint-Martin et l'Ange ; l'hôtel de la Hache tenait à celui de la Grosse-Tête, l'Escu-de-Bourbon, aussi sur la Place, était entre la Sereine et le Cornet-d'Or. En 1562, Pierre de Hangest demeurait rue des Escohiers, dans une maison appelée le Château d'Aigrefin ; Godefroy de Baillon occupait la maison de l'Ane Rayé, faisant le coin de la rue des Capucins avec la rue des Cuisiniers ; l'historien Gilles de Roye demeurait rue des Juifs, dans une maison faisant face au puits ; Jean de Béthencourt, qui libella le règlement de 1433, que nous avons cité différentes fois, habitait l'hôtel Saint-Georges, rue de la Halle-aux-Draps.

Au quinzième siècle, les étuves se trouvaient près de la rivière dans le faubourg Becquerel ; nos établissements de bains ne rappellent en rien les étuves de nos pères ; elles tenaient un peu des thermes des Romains, c'étaient des lieux de plaisir, le rendez-vous habituel des désœuvrés, des galants et des chevaliers d'industrie : on s'y baignait et on y jouait à différentes sortes de jeux ; on y rencontrait toute espèce de personnes ; aussi la morale avait-elle fort à gémir sur ce qui se passait dans ces endroits. La réputation de libertinage des étuves de Montdidier était si bien établie que le cordelier Menot, prédicateur célèbre de la fin du quinzième siècle, en fait une mention toute spéciale dans ses sermons du mercredi de la semaine sainte, et les compare à un lieu de prostitution : « Sunt XII anni quibus transibam ut irem Amyens : à Montdidyer stuffe erant publice ut Turonis. Et ecce non minus estimo de personna illuc eunte quas ad lupanar. Lupanar enim est locus ubi sunt meretrices. Si in domo canonici est meretrix : c'est bordeau. Ubi rex est : ibi curia est. Erat quidam frater qui arguebat talia genera hominum tenentium illa loca. Venit ad dominos justitie : et procurator regis habuit pecuniam ne poneret manum. Et diabolus posuit manum ubi homines non ponebant, fiebat enim convicium. Ecce cum esset aliquis ès estuffes : fulgur venit, et fulguravit domum cum in ea existentibus. »

Nous valons, sous le rapport des mœurs, infiniment mieux que nos ancêtres ; ces étuves, avec le peu de police qui existait alors, étaient de véritables foyers de maladies contagieuses ; aussi plusieurs fois la mairie fut-elle obligée d'en ordonner la fermeture. Les étuves ont disparu ; cependant, à part les inconvénients qui en résultaient, elles seraient bien nécessaires. Le peuple est très-peu soigneux de sa personne ; fêtes et jours ouvrables, sa mise est la même ; le goût, nous ne dirons pas de la toilette, mais d'une mise propre et convenable, goût qui partout ailleurs a fait des progrès, n'a pas encore ici pénétré dans la masse.

La peste exerça fréquemment ses ravages à Montdidier ; la saleté des rues contribuait à développer ce fléau. La ville n'était point pavée : ce n'est qu'au seizième siècle qu'on s'occupa d'y pourvoir ; jusque-là les rues, dans lesquelles croupissaient les eaux, étaient de véritables bourbiers d'où s'exhalait une odeur infecte ; on jetait de la paille devant les maisons pour la convertir en fumier ; les cochons, les canards, les oies, erraient en bande et augmentaient notablement la malpropreté ; le grand nombre d'ordonnances concernant la police ne prouve que trop qu'elles n'étaient point scrupuleusement observées.

Montdidier manque de fontaines publiques ; on y supplée par des puits et des citernes dont l'usage, depuis quelques années, est devenu fréquent. Les puits sont très-profonds ; il en est qui ont jusqu'à 55 mètres de profondeur : le peuple ne boit pas d'autre eau ; elle contient du carbonate de chaux, et dissout difficilement le savon ; il est bon de la laisser reposer quelques heures, afin de lui enlever sa trop grande crudité. Plusieurs puits sont fort anciens. Il est parlé de celui qui est sur la Place dit le Puits du Bourc, dans un titre du treizième siècle ; en 1510, celui de la rue de Roye s'appelait le puits d'Amour ; le puits qui se trouve dans un petit enfoncement près la rue de la Halle-aux-Draps se nommait le puits Vignon, du nom du maire qui le fit creuser. Presque tous ont été restaurés et entourés de larges dalles de pierre de Pont-Sainte-Maxence.

Il y a quelques années, on avait eu l'idée de fournir la ville d'eau de fontaine. Un nommé Bocchi, se disant ingénieur civil à Paris, et un sieur Delahaie, mécanicien à Amiens, offrirent, en 1841, moyennant certaines conditions qu'ils n'énonçaient point, et un subside annuel de 5,000 fr., voté par le conseil municipal, d'approvisionner d'eau les différents quartiers de Montdidier, à l'aide de bornes-fontaines, et en outre de distribuer à domicile la quantité nécessaire aux besoins des habitants : comme ces messieurs ne faisaient point connaître leurs conditions, l'affaire n'eut aucune suite. Un autre ingénieur, nommé Hubert, qui, à la même époque, s'occupa également de ce projet, demandait 112,000 fr. pour le réaliser. L'élévation du prix ne permit point de s'arrêter à cette proposition. On devait, pour l'exécuter, se servir de l'eau de la fontaine des Blancs-Murets , la prendre à son entrée dans l'Abreuvoir, et, au moyen de machines disposées dans le moulin de la porte de Paris, l'amener dans un réservoir placé au Marché-aux-Chevaux, d'où elle aurait été répartie dans la ville. C'eût été une amélioration très-désirable et bien utile, surtout en cas d'incendie ; il est à regretter qu'elle n'ait pu s'effectuer.

Le feu venait souvent porter la désolation dans les familles. Il était d'autant plus dangereux, que la plupart des maisons étaient couvertes de chaume ; vainement l'échevinage ordonnait, sous des peines sévères, de n'employer que la tuile ; on éludait ses défenses, et maintenant encore, au dix-neuvième siècle, malgré tous les règlements, on ne se gène pas pour recouvrir des maisons avec cette matière inflammable.

Le règlement de la mairie, de 1763, enjoignait à ceux qui avaient des bâtiments couverts de chaume, de les couvrir de tuiles dans le délai de trois mois, à peine de 50 liv. d'amende et d'être les bâtiments recouverts à leurs dépens. La rigueur de cet arrêté fut cause qu'il ne put être mis à exécution. Le même règlement contenait une disposition spéciale avant pour objet d'assurer l'embellissement de la ville ; il exigeait de ceux qui bâtiraient ou répareraient une maison de faire les travaux en pierres et briques, ou en plâtre ou mortier à la bourre qu'ils feront peindre à l'huile en forme de pierre et brique, a peine de dix livres d'amende, et d'y être pourvu à leurs dépens. Il suffit de jeter un coup d'œil dans les rues pour se convaincre que cette prescription n'a jamais été suivie.

Montdidier a trois pompes à incendie et une compagnie de quarante pompiers, parfaitement exercés et toujours empressés à porter secours partout où leur présence est nécessaire ; heureusement il se passe souvent plusieurs années sans que l'on ait besoin de leur assistance.

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