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Histoire de Montdidier
Livre II - Pièce justificative 66

par Victor de Beauvillé

Pièce justificative 66

Mémoire des saintes reliques conservées en l'église du prieuré de Nostre-Dame de Mondidier, diocèse d'Amiens, ordre de Cluny.

1660.

Le vingt cinquième jour du mois de may, l'an de grâce mil six cent soixante, à l'occasion du quartier de la voulte de l'église directement sur le maistre autel, laquelle voulte menaçant ruine, il falut refaire à neuf, il convint descendre la chasse des saintes reliques exposées sur le dit maistre autel, au milieu et au dessus du grand tableau d'iceluy ; ce qui fut cause que la communauté des religieux de l'observance de Cluny établie audit prieuré dès l'an mil six cent quarante sept, estant chargée desdites stes reliques que le public asseuroit avoir esté mal conservées et mesme plusieurs parties d'icelles prises et données comme il y avoit grande apparence par les anciens religieux dudit prieuré ; la ditte communauté des religieux de la ditte observance de Cluny composée pour lors des reverends pères dom Eusèbe Thorillon, prieur claustral, dom Eustache Davesne, et moy soussigné dom Claude Brulé, sacristain et secretaire de la ditte communauté ; pour s'asseurer d'un si precieux depost pendant la refection de la susditte voulte et que les dittes stes reliques seroient exposées en bas au milieu du chœur sur un petit autel préparé à cet effet et qu'aucunes des dictes stes reliques fut furtivement enlevez auroit resolu de visiter exactement tant le contenu en la ditte chasse que les chefs et autres reliquaires de la ditte église et donné charge à moy soubsigné de netoier toutes les dittes reliques et d'en dresser le présent procès verbal pour servir de mémoire à la postérité ; c'est pourquoy nous estant tous trois revestus en aubes, l'estole au col, et deux cierges allumés, nous aurions ouvert la susditte chasse qui contient en dehors, en son tour le tout de bois doré, les figures en demy relief des principalles actions des ss. Lugle et Luglien, martirs, et de la translation de leur ossements en ce lieu. Laquelle chasse nous n'aurions trouvée autrement fermée qu'avec deux petites bandes de fer fort menues et simplement clouées sur la porte de la ditte chasse au fond d'icelle laquelle ouverture ayant esté faite par nous, et après avoir faict nos prières à basse voix devant icelle nous aurions trouvé et tiré de la dite chasse ce qui suit :

Premièrement : à l'emboucheure d'icelle un gros paquet enveloppé de toile blanche et forte, cirée et cousue partout, et en icelle toile le même paquet enveloppé en taffetas bleu, cousu presque partout dans lequel gros paquet doublement ainsi enveloppé en toile et taffetas, nous descouvrismes les ossements des ss. Lugle et Luglien, frères martirs, archevêque et roy d'Hibernie, patrons tutélaires de cette ville de Montdidier, desquels ossements sacrés l'église dudit prieuré avoit esté rendu dépositaire depuis plus de sept à huit cents ans soubs Hilduin, premier comte de Montdidier, le dit prieuré estant encore occupé par des chanoines seculiers ; avec les dits ossements nous ne trouvasmes aucun mémoire ny procès verbal en forme sinon les escripts dont sera parlé cy dessoubs ; et yceux ossements fort grands et beaux font le nombre suivant : sçavoir cinq os environ de longueur de pied et demy ou peu moins qui sont des cuisses et jambes, tous cinq entiers et sans fracture, un os entier d'un bras, deux larges ossements entiers de hanches ou des épaules, un os des reins joignant aux lombes, un os de la machoire supérieure ou paraissent encore les trous des dents ; deux dents separez un peu jaunastres par la racine et trois autres dents jointes ensemble fort blanches et qui ont de longues racines, huict autres petits ossements des dits saincts, et un sachet de toile de la Chine figuré représentants plusieurs escussons my partis de France et autres alliances qui pouroient avoir esté donné par quelque grand seigneur pour y conserver les ossements des susdits saincts qui sont en iceluy au nombre de sept dont trois paraissent estre des testes des dits saincts du moins un du crasne et les autres des deux joues, desquelles sacrées reliques ayant faict le présent extraict, et inséré dans le gros paquet dicelle un billet en parchemin signé de mon nom par ordre du susdit R. P. prieur claustral et scellé du grand sceau de la communauté le billet contenant ces mots : Hæc sunt ossa sanctorum Luglii et Lugliani fratrum et martirum. J'aurois décemment recousu ledit paquet dans les dits taffetas et toile cirée après y avoir apposé un second billet signé et scellé au dessus pour suppléer au deffaut de l'autre, si corruption y arrivoit, nous aurions rèverement remis et replacé ledit gros paquet dedans la ditte chasse ; et en continuant la visite dicelle nous aurions tiré une quaisse ou cassette faite en forme d'escriptoire de cuir ou maroquin de Levant rouge et figuré par des lignes dorées, fermant à clef dont la petite clef est de fer doré attaché avec une soye verte à la manivelle du dessus de la cassette, laquelle cassette nous aurions trouvé enveloppé dans une grosse toile blanche cirée et cousue tout autour, laquelle ayant ouverte nous y avons trouvé et reveré les saintes reliques qui ensuivent ; un petit paquet de papier dans lequel y a un fort petit morceau d'estoffe, tissu de fil ou soye tant soit peu jaunastre et violette avec un billet qui étoit si ancien que moy soubsigné auroit esté obligé de le renouveller entièrement. Je l'ay mis dans un morceau de tabis rouge ; il portoit encor en caractère gothique ce commencement de mot : De vest. Domini Jhu Christi, lequel j'aurois escrit tout entier en ces termes : De vestimentis Domini Jesu Christi. Item, un paquet petit dont le billet porte en françois ces termes : Des cheveux de la sainte Vierge, et y en ay mis un second de ma main. Cette très vénérable relique est une tissure de cheveux fort déliez de couleur rousse très semblable au rouge cramoisy tirant sur le noir qui estoit la couleur plus belle des cheveux des Juifs et cette tissure de cheveux est aussi delicatte qu'une toile d'araignée ; le morceau n'en est pas bien grand mais néanmoins il est assez considérable pour que sa tradition fort ancienne le rende digne de particuliers respects. Item, dans une layette de la ditte cassette se seroit trouvé une petite phiole de verre enceinte d'un galon de tissure d'or qui paroissoit. avoir esté autrefois cousu et cacheté, et dans la ditte phiole se voit d'une liqueur rougeastre congelée comme du laict que la tradition et la piété des fidèles croit estre du lait effectif de la très ste Vierge, mais n'y ayant trouvé aucun billet nous l'avons replacé sans y en mettre pour n'imposer rien à la vérité de ce que nous aurions rencontré en la ditte cassette. Item, un morceau d'estoffe de I'habit de st Jean l'évangeliste, laditte estoffe toutte pareille et de semblable, fil ou soye peu jaunastre et violette comme celle du morceau de l'un des vestements de Nostre Seigneur cy dessus cotté cette relique a double billet. Item, un petit paquet de la robe tunique ou chemise de st Barthelemy, apostre, laquelle est une tissure fine de toile très claire de couleur blanche, ce paquet a son billet escrit et renouvellé de ma main l'ancien s'estant trouvé tout efface et déchiré. Item, trois ou quatres ossements de st Jacques, apostre, en un paquet enveloppé du linge avec son billet.

Item, un seul petit ossement du devant de la jambe de st André, apostre, avec son double billet ainsy escrit : De tibia sancti Andreæ. Item, un paquet de petites pierres blanches avec billet portant ces mots : De mensa in cœna Domini. Item, un autre paquet de fort petites pierres et peu de poussière avec billet portant ces termes : Sepulcrum Dornini. Item, quatre ossements en un seul paquet savoir un morceau d'un test ou crasne des ssts martirs Cosme et Damiens, un os entier d'un gros orteil ou autre doigt du pied, un autre morceau de cuisse ou jambe et un morceau de l'os du bras, ces ossements sont blancheastres envelopez premièrement en papier et dans un morceau de vieille tapisserie de Bergame avec billets portant les noms desdits sts frères martirs. Item, un petit paquet des os de st Jean Chrisostome avec billets escripts de son nom. Item, de ste Prothasie, vierge et marbre, et non de St Prothais, martir, comme on l'avait crue jusqu'alors, car l'ancien billet que nous y avons laissé avec le nostre escrit de notre main porte cette inscription : De ossibus ste Prothasiæ V. et martiris quæ inventa sunt in eclesia divi Petri.

Item, un paquet avec billet ainsi intituler : De ossibus sancti Sebastiani. Item, un paquet avec billets escrits : De ossibus beali Georgii. Item un paquet dos dont les billets sont marquez de ces mots : De ste Florence. Item, un paquet avec billets escripts de cette sorte : Des os des saincts Jean et Paul, martirs. Item, un autre paquet avec son billet portant ce titre : De sancto Eutropio. Item, un petit paquet d'ossements avec billet portant cet autre tistre : De sto Agapilo martire. Item, un paquet d'un morceau d'estoffe avec billets portant ce tistre : Du tappis sur lequel st Remy célebroit la ste messe. Item, un petit paquet de grosse toile plein de poussières de diverses reliques sans aucun billet et nous ne en aurions mis aucun pour la raison que dessus, les dittes reliques nous estant inconnues. Item, dans la layette du milieu des trois petites de la ditte cassette nous aurions trouvé plusieurs autres petits ossements sans billets et sans noms, auxquels moy soubsigné aurois donné si je men souviens, ce seul billet et inscription : De plusieurs stes reliques inconnues, et en continuant de visiter la ditte cassette apres avoir veü et reverez toutes les susdittes sacréez reliques des saincts et ycelles garnis de billets scavoir d'un second billets celles qui en avoient un ancien encor valable et d'un nouveau celles dont l'ancien billet estoit ou à demy effacé ou presque tout gatté dont on ne le pouvoit presque plus lire l'escripture, sinon en devinant a moitié les noms des saincts, nous aurions trouvé un velin attaché au couvercle de la ditte cassette en dedans d'icelle, ledit velin y attaché avec de la cire d'Espagne rejointe de nostre sceau, et yceluy parchemin peint en forme de branches de rameaux dorez contenant les tiltres et billets des susdittes sacrées reliques, lequel velin ou parchemin paroist avoir esté escrit soubs feü monsieur Dom Charles de Cohorne, prieur religieux du dit prieuré, lorsque les marchands bourgeois de Montdidier par l'adveu dudit sr de Cohorne ne firent redorer la ditte chasse en 1631, ce que les anciens habitants disent estre le procez verbal des dittes saintes reliques quoyque le mémoire instructif et qui n'est pas toutefois si exact que le cy dessus ne soit signé de personne, il porte sur les deux colonnes divisées par une ligne à droite et à gauche les inscriptions suivantes : De sepulero Domini, de sr Jean Crisostome, sancti Prothasii, mots qui font une erreur, parce que sur lancien billet comme est marqué cy dessus, lequel nous aurions trouvé avec la relique il y a bien escrit : Ste Prothasiæ, des cheveux de la ste Vierge, de st Jacques ; de ossibus sti Sebastiani ; de ossibus beati Georgii, de vestibus beati Bartholomei ; de ste Florence ; des os de st Cosme et st Damien ; des os de st Jean et de st Paul, martirs ; sti Eutropii ; de tibia sti Andreæ, et plusieurs autres reliques sans noms ny billets qui sont celles contenues dans la susditte petitte layette de la ditte cassette cy dessus cottéez et au bas au milieu dud. parchemin ou velin est escrit ; Du vestement de st Jean evangeliste, laquelle relique nous aurions trouvé estre celle dont est, faict mention cy dessus et encor au dessoubs au bas dudit velin est marque ce chiffre : 1631. Ce qui nous auroit faict voir que ledit mémoire transcrit du temps de feu ledit sieur de Cohorne, prieur regulier, n'auroit pas esté si exactement dressé que le suivant, par ce qu'il ne s'est pas trouvé contenir les noms de certaines reliques que nous aurions veu et manié dans la d. cassette, et que ledit suivant et plus ancien mémoire, comprend ainsy que s'ensuit. Dans la septiesme et plus spacieuse layette qui est seule et s'ettend au dessoubs et tout le long de la ditte cassette nous aurions trouvé un petit et plus ancien memoire en parchemin si vieil que par son inscription il paroist estre d'environ six vingt ou cent cinquante ans, escrit en caractère approchant du gothique, qui estoit la manière d'escrire a peu prez de ce temps, lequel contient le 1ere et plus ancienne liste apparemment dessus cottéz stes reliques escrit en cette façon, au milieu dudit parchemin et au dessus en teste d'iceluy se voyent ces mots : Hæc sunt Reliquiæ, et plus bas à la ligne jusqu'au bout en bas : primo de tibia sti Andreæ. Item de ossibus sstorum Cosmæ et Damiani. Item de ossibus ss. Joannis et Pauli. Item de ossibus sti Sebastiani. Item de ossibus manus sti Georgii. Item de vestimentis Dni nostri Jesu Christi. Item de vestimentis beati Bartholomei. Icy y a un mot à demi effacé et qui semble estre abregé, comme si l'on avoit voulu escrire ce mot (globus) et tout de suitte : De craticula sti Laurentii, que nous n'aurions reconnu ni vue en aucun endroit de la ditte cassette, ny autre billet dans la ditte layette qui nous l'indiquat, si non que dans la petite layette des reliques inconnues nous y vismes et touchames une petite boule ou globe de la grosseur d'environ deux noix tout rond et qui semble estre de fer à raison de la pesanteur, couleur de fer et dureté, qui pieusement pouvoit estre creü avoir esté une des quatres pommes des quatres pieds ou soustiens du gril sur lequel st Laurent fut martirisé de quoy n'estant pas asseuréz comme dit est, moy soubsigué n'y auroit mis aucun billet, ayant au surplus trouve touttes les autres saintes reliques dont est fait mention dans l'un et l'autre mémoire au procez verbal cy dessus par moy transcrit à l'exception de cette seule relique dudit st Laurent dont nous eussions souhaité ardemment rencontrer quelque certitude, ainsy que nous avons trouvé des deux reliques, De mensa in cœna Dni, de st Agapite, et de la troisiesme de st Remy non cottées èsdits mémoires, et achevant lad. visite de lad. cassette et joignant le couvert d'icelle au dedans nous aurions encor apperceü, leü et examiné un troisième parchemin ou procès verbal justifiant que la susditte chasse aurait étté redorée aux frais des marchands de cette ville, desquels les noms s'y trouvent encrits par l'adveu du prieur regulier et religieux dudit prieuré en la susdite année 1631 ; il est conceü en ces termes : De l'auctorithé des vénérable prieur et religieux du prieuré de Nostre Dame de Mondidier et suivant la requeste présentée par les honnestes marchands drappiers de la dicte ville qui ont esleu pour patrons les benoits saints martires st Lugle et sainct Luglien patrons tutelleres de la dicte ville et dont les sainctes Reliques repossent en une chasse en l'église dudict prieuré, laquelle chasse a esté de l'auctorité cy dessus redorée et enrichie par les dits marchands drappiers dont les noms sont cy après : Alexandre Bucquet, François Bucquet, frères, Jean Bucquet, Antoine Bucquet leurs enfants, Jean le Boucher, François Fourment, Antoine Daugy, Jean Parmentier, Jean Roussel, Bon Galand, Jean Fournier et François de Rouvroy, faict le huictième aoust mil six cens trente et ung. Ce qu'estant le tout contenu en lad. cassette, moy soubsigné en qualité du sacristain et secretaire susdit de lad. communauté ayant adjouté auxd. parchemins ou procès verbaux le grand sceau de lad. communauté imprimé sur un papier séparé dedans lad. cassette, l'auroit refermé à la clef avec réverence, reattaché la clef d'icelle avec la soye verte à l'anse ou manivelle de la ditte cassette icelle recousüe dedans la susditte grosse toile blanche cirée comme elle avoit esté auparavant, reserré la ditte cassette en sa place dedans la chasse et refermé la ditte chasse avec les deux platines de fer clouez aux deux extremitéz et le long d'icelles, et exposé la ditte chasse au milieu du chœur sur un petit autel dressé par moi à cet effet pour satisfaire à la devotion du public par l'ordre des susd. reverends peres tout ce que j'aurois attesté veritable les jour et datte soubscrittes du présent procez verbal, et les dits jours après lad. closture de la ditte chasse j'aurois inseré par une fente qui nous auroit apparu au dessus de l'un des collateraux d'icelle, sur son second platfonds, un exemplaire relié en papier marbré d'une tragédie composée en l'honneur des susd. saincts Lugle et Luglien et representée le 21 de Juin 1656 auquel temps nous occupions le collége de la ditte ville de Mondidier, icelle tragedie composée par dom Bonavanture Fricourt et par nous, et procedants le 26 du susd. mois de may 1660 à la continuation de la visite de touttes les autres reliques de l'église dudit prieuré, nous aurions découvert dans une grande armoire au dossier de maistre autel et dedans la sacristie une petite croix processionale d'argent vermeil doré et au dessoubs des pieds du crucifix se voit une petite croix du bois de la croix de nostre Seigneur avec son billet probablement au dessoubs du linge sur lequel la petite croix est cousue avec de la soye.

Item, dans lad. armoire nous aurions trouvé deux chefs, le 1er desquels représentant un st archevesque mittré et la croix en main, lequel chef est de bois doré, nous l'avons reconnu estre très mal fermé avec deux ou trois gros cloux seulement à l'ouverture d'iceluy, laquelle ouverture au dos dud. chef ou en figure d'un enfoncement quarré, fermé d'une petite porte de pareille figure, dans lequel buste ou chef nous aurions rencontrez trois parties d'ossement considérables environ comme du tiers de la paulme de la main tirées selon qu'il paroist des deux crasnes ou testes desd. saincts Lugle et Luglien, ces trois ossements ou reliques sont les os des temples entre les yeux et les oreilles des chefs, et il y a apparence que l'on en auroit enlevé le quatrième os, qui ne s'y est pas trouvé, lesd. ossements estoient envelopez dans un taffetas de couleur de feuille morte, nous aurions trouvez lesd. os et le taffetas tout couverts de limon verdastre qui auroit procédé de ce qu'on plonge lesdits reliquaires en l'eau lorsqu'on les porte aux incendies qui arrivent quelque fois malheureusement en la ville et aux fauxbourg pour les opposer à la violence des flammes, et les ayant réenveloppez et mis un billet scelé du sceau de la communauté pour servir de mémoire et de rechef envelopé d'un linge blanc. J'aurois adjouté un petit paquet de fortes petites particules et poussières des autres ossements desdits martirs trouvé ailleurs dans un viel bras rompu cassé et poury et du tout n'ayant faict qu'un seul paquet envelopé dans ledit linge blanc et attaché un second plus petit billet en parchemin au dessus dudit paquet pour suppléer au cas que le plus grand vint à se corrompre ou s'effacer, ainsy qu'aurions trouvé les vieux tout pouris et bien anciens d'environ deux cents années en gothique, nous aurions remis lesd. stes reliques dedans ledit chef ou buste de bois doré, iceluy refermé de la même façon que nous l'avions trouvé, la clef d'une petite serrure ou passe partout, dont la serrure y est encor attaché s'estant trouvé perdüe par les anciens religieux dudit prieuré qui auroient beaucoup négligé lesd. stes reliques.

Et dans le second des deux chefs ou bustes, lequel second a le visage et le demy corps couvert de lames d'argent representant un roy à l'antique, nous aurions trouvé dans le creux de la teste un gros crasne entier, faisant touste la calotte d'une teste, enveloppé dans un vieil taffetas blanc et dans ce grand crasne un autre ossement considérable du devant d'une teste qui est le front tout entière d'un mesme chef descendant jusqu'à la moitié des trous des yeux ledit second ossement pareillement enveloppé dans un taffetas blanc, le limon ou la crasse de couleur verdastre contracté apparemment comme à l'autre chef par humidité des eaux qui avoient penetré avoient comme collé les deux ossements avec le taffetas et poury le billet ou l'escriteau qui n'estoit qu'un papier où l'on ne pouvoit presque plus rien connoistre que quelques lettres des noms des deux sts Lugle et Luglien ce qui auroit esté cause qu'après les avoir bien netoyé j'y aurois mis deux nouveaux billets ainsy que dans l'autre chef l'un plus grand de papier seulement scelé de sceau de la communauté et signé de mon nom comme secrétaire d'ycelle par ordre comme dessus du R. P. prieur claustral, et l'autre plus petit en parchemin ce qui estant fait, aurions replacé lesd. stes reliques dans ledit chef et iceluy refermé avec une petite claveste de cuivre comme il estoit auparavant à l'un des deux costés de la teste ou de ses oreilles et referré lesdits deux chefs dans l'armoire ou ils sont gardez ordinairement et la raison pourquoy le dit religieux et sacristain secretaire soubsigné y auroit aussi bien que partout ailleurs ou il s'en trouverra deux, inseré un second billet a esté pour ce que partout l'un supplea pour l'autre en cas de corruption de l'un plus tost que de l'autre et pour rendre le souvenir de ce sacré dépôt autant authentique et venerable, à ce que la piété de nos successeurs qui pouroient de temps en temps les visiter selon les necessitez publiques qui en arriveront, fut davantage satisfaicte par la découverte et la connoissance de la vérité des choses contenues en ce présent procez-verbal.

Sur la visite et inscription que nous aurions faicte des ossements contenus en ce second chef aussi bien qu'en celuy de bois doré lequel a la face couverte de lames d'argent, nous avons remarqué qu'il y a lieu de douter que ces deux reliques soient deux parties d'un seul et mesme chef de l'un des deux sts Lugle et Luglien, mais bien qu'elles pouroient estre deux differentes parties des deux diverses teste et front de l'autre, à cause que cette dernière partie paroist trop estroiste et petiste pour être le front sinciput de la teste ou crasne de l'autre qui est fort gros et bien large ; et il pouroit estre que cette partie du sinciput front ou devant de la teste, n'ayant pu continuer ny entrer dans l'ouverture du chef ou buste de bois doré laquelle est assez petite, on auroit resseré ladite partie avec ce gros crasne dans ce second chef couvert de lames d'argent quelques chirurgiens et medecins anatomistes jugeroient plus seurement de l'apparence et fondement de ce doute ; après lequel il convient remarquer en second lieu que ces ossements de l'un et de l'autre chef ou de l'un seul, estant fort beaux et vénérables, c'est un très grand dommage et mesme contre la bienséance, le respect et l'honnesteté qu'on leur doit de les plonger en de l'eau, le plus souvent bourbeuse, sale, vilaine et la première que l'on peut trouver alors qu'il arrive quelque incendie en la ville ou aux fauxbourgs auquel cas où on les porte pour les opposer comme dit est cy dessus, à la violence des flammes dont on a vu de nos temps plusieurs succez miraculeux, et la raison pourquoi on deveroit pas user ainsy, est parce qu'en visitant les dits chefs nous aurions observé que les dits ossements se rompent et se separent à l'endroit des sutures et coustures du test ou crasne, ayants esté premièrement emmolli par l'eau fangeuse puis après deschassez, entre la crasse et le limon que nous avons marqué cy dessus sy accumuler par les dittes eaux dans le laps et la suite des temps, pourquoi il faudra que nos successeurs sacristains et religieux de ce prieuré prennent soigneusement garde quand on sera obligé de les porter pour le feu (ce qu'à Dieu ne plaise) de ne permestre pas qu'on les plonge ny les plonger eux mesme dans les eaux que l'on voudra verser sur les flammes, sinon les extremitez du bas de chacun desdits chefs, en sorte que l'eau n'entre aucunement jamais à l'endroit où reposent lesdits sacrés ossements de nos saincts tutélaires qui sont certainement dignes de beaucoup de vénération.

D'où il convient faire une troisième remarque, sçavoir, que parceque souvent la ville ne traitte pas souvent avec assez de respect les saintes reliques ainsy qu'on faict nos devanciers peut estre ne recoit elle pas aussy souvent touttes les consolations qu'elle espère de Nostre Seigneur par leur merite dans ces fascheux accidents car ca tous jours esté la coustume de nos ancestres et moy soubsigné l'ay veu pratiquer plusieurs fois que l'on ne doit les sortir de nostre église, que accompagnez du sieur maieur de la ville ou au moins de l'un de ses eschevins, lesquels doivent toustes les fois faire apporter deux torches ou flambeaux, par qui bon leur semble, lesquels brulent aux costez desdittes stes reliques tant et si longtemps qu'elles restent opposées aux flammes et doivent conduire icelles depuis nostre église jusqu'au lieu du feu et de ce lieu les reconduire jusqu'à nostre église, ce que ce pendant le peu de devotion des gens d'aprésent leur fait presque maintenant tous jours négliger d'accomplir ; nous avons encore observé qu'en la partie du devant de la teste ou sinciput on en avoit coupé quelques petites particules avec un cousteau ou autre instrument à ce propre.

Nous aurions de plus ouvert un bras de bois dont la main était toute couverte de lames d'argent avec le devant dudit bras pareillement d'argent, dont le dos en avoit esté depouillé, la vitre en estoit enlevé, et le letton fermant au bas ledit bras ne tenoit plus qu'à un seul méchant cloux, duquel bras ainsy ouvert nous en aurions tiré premièrement contre la platine de letton un petit paquet d'un os seul en figure à peu près quarré enveloppé en taffetas feuille morte avec un petit billet tout effacé presque et pouri sur lequel ne se leüt que ces mots : De humero ss. Lugl. et Lug. ce qui marquoit assez que c'estoit un ossement des espaules de l'un ou de l'autre de nos deux saints martyrs, cet os s'est trouvé d'une couleur un peu plus blanche que les autres, environ large de la moitié de la paulme de la main, puis nous aurions ensuite tiré un os presque entier d'un bras des susdits sts Lugle et Luglien qui paroist le plus petit d'un os des bras, plus au dessus diceluy, la teste ou le nœud dud. os separé de l'autre, tout cassé et lié en parcelles attachéez ensemble avec de la soye, et nous a paru par les fractures que l'on en avoit pris quelques particules, que ce nœud ou teste d'os avoit esté reserré au haut dudit bras de bois couvert de lames d'argent dans la concavité de son paquet.

Enfin nous en aurions tiré deux planches ou tablettes d'ossements limez et tout plats de longueur de six poulces ou environ et largeur d'un poulce, provenants de deux autres bras ou costes desdits saints lesquels paroissent avoir esté ainsy limés et rendus tout plats ou pour pouvoir les insérer avec lesdits autres os cy dessus dans ledit bras de bois couvert de lames dargent ou pour en donner des limures à quelques personnes qui pouroient en avoir demandés cy devant aux anciens religieux, et à tous ces ossements moy soubsigné, j'aurois mis un billet scelé du sceau de la communauté et cela faict nous aurions remis tous les dits ossements dans ledit bras d'argent décemment accommodé pour estre exposé à la veue du peuple avec les autres reliques.

Et procedants enfin à la conclusion et cloture de nostre dit prescrit procès verbal le soubsigné netoyant soigneusement dessus dessoubs devant et derrière ledit grand armoire de la sacristie, où se resserroit les autres sainctes reliques, auroit apperceü entre lad. armoire et le maistre autel contre terre un viel bras sans main couvert deston tout noir, lequel ne peut estre tiré de ce lieu où il estoit tombé qu'en levant le marchepied dudit maistre autel, ce qu'ayant esté faict ledit soubsigné auroit relevé ledit bras de terre trouvé la main d'iceluy rompu et ledit bras ne rien valoir qu'à bruler excepté que dans un large ovale au milieu dudit bras après en avoir levé un verre cassé par le milieux il auroit découvert six particules d'ossements comme collées ensemble par la fange que l'humidité y avoit causée et les dits six particules trouvées dans un petit paquet auquel les billets marquoient encor tant soit peü les noms des sts desquels estoient ces stes reliques, à sçavoir : un seul billet pour les deux particules les premières qui portoient ; Des os des ss. Lugle et Luglien. Le second billet portoit escrit : De Estienne, premier martir ; le 3e De st Guinefort, aussy martir et evesque ; le quatriesme De st Quentin, martir ; et le 5e avec le 6e Des ss. Julien et Agapit, martirs, et ayant netoyé toustes lesdittes particules bruslé les vieux billets, et des nouveaux y inserez, ledit soubsigné auroit divisé les dittes particules en deux différents reliquaires dont l'un est d'argent sur un pied de leton doré qui est un vieil melchisedech ou porte Christ qui avoit servi depuis deux cent tant d'années à exposer le tres st Sacrement et l'autre tout de cuivre autrefois tout doré qui estoit encore un melchisedech ou porte Christ plus ancien que le précédant, dans lesquels deux reliquaires, attendant qu'on les pouroit mieux placer, ledit soubsigné auroit enchassé les susdittes particules, tout ce qui estant faict nous aurions reserré le tout dans leur lieu ordinaire en la sacristie dudit prieuré après avoir une seconde fois rendu nos respects aux dites saintes reliques, et fait nos prières devant icelles, dont et de tout ce que dessus je soussigné religieux prestre sacristain de lad. église et secrétaire de ladite communauté pour servir de tesmoignage à la verité du faict, certifié en ces qualités et par ordre cy devant dit, avoir dressé le présent procèz verbal ces vingt cinquiesme et vingt sixiesme jours de may 1660 et y apposé le grand sceau de la communauté, ainsy signé, dom Claude Bruslé, indigne religieux prestre sacristain et secretaire susdit avec paraphe ; ensuite est la marque du grand sceau tout effacée.

Extrait d'un autre procès verbal faict par le même en 1674.

Je soubsigné prestre religieux susdit profès de l'ordre de Cluny et sacristain dudit prieuré de Nostre Dame de Mondidier, certifie à tous qu'il appartiendra, que dans le mois d'aoust de l'année présente mil six cent soixante et quatorze en lade qualité de sacristain et chantre titulaire et perpetuel et comme gardien du tresor et reliquaire dudit prieuré y residant de l'advis et commandement du R. P. dom Philibert Dumontet, prieur claustral, j'ay de nouveau enchassé ces stes reliques dont est parlé à la fin de la 7e et au commencement de la 8e page de ce mémoire en la manière et dans les images et bras de bois doré que j'avais faict faire neuf dans Amiens à cet esfect ainsy qu'il s'ensuit.

Premièrement : dans le bras couvert à moitié et pardevant de lames d'argent, j'ay laissé un os de l'un des deux saints frères Lugle et Luglien, qui est l'os d'un bras tendant du poignet au coude et y ay inseré un billet signé de ma main et scelé du petit sceau de la communauté.

Item, dans le bras de bois doré, j'ay enchassé dans l'ovale creusé au milieu la teste ou le nœud de l'os du susd. bras d'iceluy lequel os estoit cassé en parcelles attachez ensemble avec de la soye et par les fractures duquel il paroit que l'on en avoit pris lequel nœud ou teste d'ossement avoit esté enchassé au haut dud. bras couvert de lames d'argent audessus de l'os entier du susd. bras et ay inseré pareillement un billet.

Item, dans la figure représentant un archevesque tenant sa double croix de la main gauche, dans un grand cartouche en quarré est l'une des deux planche ou tablette d'ossements provenant d'un bras ou de l'une des costes vis à vis des sts Lugle et Luglien, patrons de cette ville, dont il est faict mention ci dessus. y ay inséré un billet et scelé.

Item, dans la seconde figure présentante un roy revestu des habits royaux et tenant son sceptre de la main droite ay mis un ossement de l'os d'un bras ou d'une coste de l'un des susd. sts.

Item, dans un petit melchisedech ou porte Christ soutenu par deux anges d'argent j'ay enchassé l'os large de peu plus que la paulme de la main avec son billet en ces termes : De humero sst Lugl et Lugli, c'est un ossement de l'homoplate ou épaule desdits saints. Dans la 3e image de bois doré, dans un grand ovale au pied d'icelle laquelle image représente un saint évesque tenant de la main gauche une crosse et de la droiste montrant le cartouche, j'ay enchassé un ossement considérable qui est la plus notable partie de l'une des deux hanches de st Eugène, évesque de Tolede. lequel ossement avoit esté donné à nostre église par messire Pierre de Bertin, a present lieutenant général de Mondidier, j'y ai inseré un billet et scelé du sceau de la communauté. Dans la 4e image, representant un évesque tenant aussi de la main gauche une crosse et de la droite montrant pareillement un cartouche on ovale enchassé d'un os entier quoy que petit qui est de l'un des deux pieds de st Loup, évesque d'Orléans, lequel ossement avoit esté semblablement donné par ledit messire Pierre de Bertin, et outre ledit ossement j'y ay enchassé plusieurs vestements pontificaux dudit st Loup, avec un des ossements de l'un de ses bras et mis un billet et sçeelé. Dans les 4 pieds d'estaux des susdites quatre images de bois doré j'ay enchassé la plus grande partie des particules des stes reliques dont il est faict mention à la fin de la huitiesme page avec leur petits billets et j'ay placé le reste des particules dans un vieux melchisedech ou porte Christ de cuivre ou leton doré plus ancien que celui d'argent.

Dont et de tout ce que dessus j'ay dressé le présent mémoire que j'atteste estre véritable ce dernier jour d'aoust 1674, et s'exposent toutes les susd. reliques sur le maistre autel toutes les grandes festes et ensuiste se remettent dans l'armoire qui est sur le mosolé du prince Raoul, comte de Vermandois et Mondidier, au costé de l'evangile du maistre autel. Signé, dom Claude Bruslé, indigne chantre et sacristain, avec paraphe.

Et continuant en cette année 1676 de travailler à la décoration de nostre autel et trésor j'ay enchassé dans deux images de bois doré dont ma faict présent pour nostre eglise, la vénérable mère Marie Anne Fisset, très digne superieure des religieuses de st François de cette ville de Montdidier, en ce mois d'aoust les stes reliques qui suivent, scavoir : dans la 1ere desd. deux images laquelle represente une ste martire, vestue en abbé, tenant de sa main droite une crosse abbatialle et une palme de martire, et montrant du bout du doigt du milieu de sa main gauche une de ses mamelles. Dans une boete ou cartouche quarré posée au pieds de ladite image, j'ay enchassé l'os presque tout entier d'une des deux hanches de ste Eugenie, vierge et martire, laquelle dans le 3e siècle chretien s'estant convertie à la foy deguisa son sexe pour se faire religieuse et ayant esté accusée par une dame romaine de l'avoir voulu corrompre et attenté à son honneur, mais pour prouver son innocence après avoir appellé son juge qui estoit son père elle l'appela par son nom, luy avoir nommé sa mère, ses parents, elle lui montra enfin son sein à découvert, le reste est en partie dechiré, mais enfin elle fut martirisée et son père se convertit ensuitte, sa feste arrive le vingt et un decembre, mais elle est remise au premier jour non empêché apres l'octave des Rois soubs le rite double. Cette belle relique a esté donnez exprez pour mettre dans nostre thresor par vénerable et discreste personne dom Benigne Devert, religieux thresorier et a présent prieur claustral du doyenné ou prieuré de Lihons en Sangterre, dez y a plus d'un an et l'acte autentique signé d'iceluy Devert, et tous messieurs les religieux et de moy et sceelé de deux grands sceaux de lad. communauté de Lihons et de ce prieuré de Montdidier, a esté pareillement enchassé avec lad. hanche et autres particules d'icelle dans le susd. cartouche pour conserver plus asseurement cy après la memoire de ce don. La ditte communauté du prieuré de Lihons conserve depuis plusieurs siecles plusieurs notables parties du corps de cette grande ste vierge et martire.

Dans la 5e image, laquelle represente une autre sainte vierge et martire revestue à la romaine tenant en sa main gauche une palme et portant sur sa droite un cœur transpercé d'une lance, j'ay enchassé au milieu dudit cœur de l'un des deux bras de ste Victoire ou Victorie, damoiselle romaine vierge et martirisée à Rome, de laquelle cet os qui est une moitié de celui tendant de l'espaule au coude de l'un des deux bras de la ste avec une grande partie de son corps fut cy devant donné en présent par notre st pere le pape Alexandre septièsme, à monseigneur le duc de Chaulne pour lors ambassadeur extraordinaire de France auprès de sa Sainteté et à madame la duchesse sa femme, lequel seigneur duc ayant faict présent de cette partie d'ossement au susd. vénérable dom Benigne Devert, religieux et thresorier de Lihons en Sangterre, me l'a semblablement donné et accordé à ma prière pour estre conservé entre nostre église et ay enchassé avec iceluy dans le dit cœur l'acte autentique de lad. donation, signé dudit Devert, de sa communauté entière et de moy et ay sçcelé pareillement des deux grands sceaux de la ditte communauté et des prieurés de Lihons en Sangterre et de Montdidier, ce que j'atteste estre véritable ce mercredi, douxiesme jour du moy d'aoust mil six cent soixante et seize. Signé, dom Claude Bruslé, ancien chantre et sacristain susdit.

S'ensuivent les requeste et actes de la translation des dittes reliques de la chasse de bois dans une d'argent.

Extrait du livre des actes de la communauté.

Le douziesme may 1686, sur ce qui a esté representé par le R. P. dom Benoist Hennequin, prieur claustral de Nostre Dame de Montdidier, et les religieux dudit prieuré aux très R. R. PPs dom Charles de la Motte, prieur claustral de la Charité, et dom Jean Bombars, prieur claustral de St Marcelle de Chââlon-sur-Saonne, visiteurs des monastères de l'estroitte observance de Cluny, estant actuellement dans l'acte de leur visite, que lesdits prieur et religieux avoient faict faire à leurs dépents une belle chasse d'argent du prix de deux mil livres ou environ, au lieu et place de l'ancienne chasse de bois doré, rompue et brisée par la cheute qu'en arriva par la faute de ceux qui travailloient à la veulte de l'eglise qui la firent tomber du haut du tableau du maistre autel où elle étoit cranponée le 13 mars 1682, qu'ils les prioient très humblement d'avoir la bonté de benir la diste nouvelle chasse d'argent et y transferer les précieuses reliques de st Lugle et de st Luglien, patrons tutélaires du prieuré et de la ville, ce que lesdits très RR. pères visiteurs leurs ont très volontiers accordés après civilité faict à M l'evesque d'Amiens par ledit prieur claustral ; en effet ledit jour que dessus quatrièsme dimanche d'après Pasques le tres R. P. d. Charles de la Motte bénit la nouvelle chasse sur les dix heures du matin et ayant entonné le Te Deum, il fit la translation des dittes reliques accompagné du tres R. P. d. Jean Bombars en présence dudit prieur claustral, desdits religieux, des principaux magistrats et d'une partie notable des habitants qui avoient esté prié la veille de s'y trouver et invité par le carillon des cloches, le procez verbal de laditte benediction et translation fut faicte, leü a haute voix et signé desdits tres RR PP. visiteurs, prieur claustral, religieux, magistrats et bourgeois dans trois originaux, l'un fut enfermé dans la chasse, le 2 emporté à Cluny et le 3 laissé entre les mains des religieux ainsy qu'il est ici transcript, ensuite l'on chanta la messe solennelle desdits ssts et pendant toute la journée, il y eüt un grand concours de peuple, en foy de quoy nous avons signé ce présent acte les jour et an que dessus. Ainsy signé, F. Benoit Hennequin, prieur claustral. F. Claude Foussier. F. Louis Cayer, secretaire.

ACTE DE LA TRANSLATION DES DITTES RELIQUES.

Extrait du livre des actes de la communauté.

Anno Domini nostri Jesu Christi millesimo sexentesimo octogesimo sexto, ss. Innocenti undecimi nono, Ludovici magni quadragesimo tertio, proscriptæ per eundem ipsum regem christianissimum a suo Gallicarum imperio hæreseos primo ; serenissimo principe Emanuele Theodosio a Turre Arverniæ cardinali Bullonio Cluniacensi abbate ; sedente in Ambianensi episcopali cathedra illustrissimo d. Francisco Faure, serenissimo item principe Emanuele Theodosio a Turre Arverniæ hujus prioratus beatæ Marie Mondiderinæ, priore commendatario.

Nos frater Carolus de la Motte, prior claustralis beatæ Mariæ de Caritate, et frater Joannes Bombars, prior claustralis sti Marcelli Cabilonensis visitatores monasteriorum strictioris observantiæ Cluniacensis ordinis rogati a Rdo patre Benedicto Hennequin, hujus prioratus priore claustrali ; cæterisq ; monachis, sacras sanctorum martirum Luglii et Lugliani, ac aliorum sanctorum quorum hic habentur nomina, reliquias in hac argentea capsa præfati dñii sumptibus elaborata reposuimus, die dominica mensis maii duodecimo in missarum solenniis, præsentibus predictis priore claustrali et monachis necnon hujus urbis proceribus subsignatis F. Carolus de la Motte visitator, frater Joannes Bombars visitator, frater Benedictus Hennequin prior qui supra, frater Jacobus Piedenez, frater Franciscus Maupin, frater Nicolaus Dazincour, frater Ludovicus Franciscus Cayer, sacrista in titulum, frater Claudius Foussier.

Le Clercq, lieutenant particulier, maieur de la ville et baulif du prieuré ; Pinguet, lieutenant assesseur ; de Sainfussien, prevost de la ville de la Morlière, conseiller au baaliage ; Caron de Lespron, président à l'election et grenier à sel ; Pucelle, procureur fiscal du prieuré et ancien eschevin de la ville ; Darras, procureur au baaliage et greffier du prieuré ; Germain ; Piedenez ; Deschamps, avec paraphes.

Has porro reliquias quæ dudum in arca lignea fuerant reconditæ, voluit tandem Deus locari decentius, cum collapsa et per fracta veteri longe orationis, ædiculæ suis ac hujusce urbis patronis construendæ monachis consilium inspiravit, constitit autem nobis quod lapsu et fractione veteris capsæ violatæ non fuerit interiorum involucrorum integritas.

lnvenimus si quidem duos veluti sacculos quorum in priore plurima diversarum corporis partium ossa sanctorum Luglii et Lugliani, seri copanno cærulei coloris involuta apparuere, in altero autem sacculo arculam perspicimus multas multorum sanctorum reliquias continentem, omnia autem cætera circiter serie qua describuntur in postrem reliquiarum hujus prioratus catalogo, in quorum fidem qui presentes adstitimus præfactarum reliquiarum visitalioni et examini hic subscripsimus die et anno prædictis. F. Carolus de la Motte visitator ; F. Joannes Bombars, visitator ; F. Benedictus Hennequin. prior qui supra ; F. Jacobus Piedenez ; F. Franciscus Maupin ; F. Nicolaus Dazincourt ; F. Ludovicus Franciscus Cayer, sacrista in titulum ; F. Claudius Foussier ; Leclercq lieutenant particulier, maieur de la ville et baalif du prieuré ; Pucelle, procureur fiscal dudit prieuré et ancien eschevin de la ville ; Darras, procureur au baillage et greffier dudit prieuré ; Piedenez, Deschamps Germain, bourgeois de la dicte ville avec paraphe. Signé, F. L. F Cayer, secrétaire.

Tout ce que dessus a esté copie par moy soubsigné d'un vieux inventaire que j'ay trouvé dans l'un des chefs qui estoit presque ouvert et que jay remis dedans avec le present inventaire et pour la translation des dictes reliques dans la chasse d'argent.

Je l'ay extrait du livre des actes de la communauté, faict le quinziesme juillet mil sept cent sept, par ordre du R. p. dom Pierre Bartbelemy, administrateur et chantre titulaire de ce prieuré ; eu fov de quoy ledit reverand père a signé ledit inventaire avec moy.

F. Pierre Barthelemy, administrateur de ce prieuré.

F. Louis Francois Cayer, sacristain titulaire et secrétaire de la commuauté.

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