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Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section XLVIII

par Victor de Beauvillé

MALLET (Charles), savant théologien, naquit en 1608 ; il était fils de Pierre Mallet, conseiller en élection, et de..... Lendormy ; Jean Mallet, son grand-père, avait été receveur des tailles et maïeur de Montdidier en 1600-1601. Après avoir commencé ses études dans sa patrie, il alla les terminer à Paris, et en 1642 il se fit recevoir docteur de Sorbonne. Pendant son séjour dans la capitale, Mallet donna à François de Harlay, qui fut dans la suite archevêque de Paris, des leçons de théologie, et l'aida à passer ses examens de licence. François de Harlay, archevêque de Rouen, oncle de celui dont nous venons de prononcer le nom, voulant reconnaître les bons offices que notre compatriote avait rendus à son neveu, le gratifia, en 1651, d'un canonicat dans sa cathédrale ; François de Harlay, ayant remplacé son oncle sur le siége archiépiscopal de Rouen, choisit Charles Mallet pour son grand vicaire et le nomma archidiacre du Vexin, avec mission expresse d'examiner les affaires concernant le jansénisme, dont Mallet était l'adversaire déclaré.

Sa fortune était modique ; il employa cependant le peu qu'il possédait à fonder à Rouen un séminaire pour recevoir les jeunes gens qui se vouaient à la prêtrise, et en fut le premier supérieur : c'était une pépinière de lévites appelés à combattre plus tard les doctrines des partisans de Jansénius. Le nom seul de l'évêque d'Ypres suffisait pour enflammer le zèle de Mallet ; aussi fut-il constamment en guerre avec les adhérents de ce prélat. Mallet fut encore l'un des ennemis les plus implacables du grand Arnauld ; mais ce dernier était un terrible antagoniste, et lui fit rudement sentir qu'on ne l'attaquait pas impunément.

Mallet s'occupa sans relâche de faire des conférences pour l'instruction des prêtres, et de réfuter les nouveaux principes qui tendaient à s'introduire dans l'Église. Prédicateur non moins éloquent que profond théologien, il traita pendant une année entière dans l'église Saint-Ouen des sujets de controverse religieuse avec tant de force et d'entraînement qu'il convertit plusieurs calvinistes, entre autres un conseiller au parlement, qui abjura l'erreur avec sa femme et ses dix enfants. L'archevêque, appréciant le rare mérite de son grand vicaire, lui fit accepter un logement dans son palais afin de l'avoir constamment auprès de lui. François de Harlay ayant été transféré à l'archevêché de Paris en 1671, Rouxel de Médavy, son successeur, maintint notre concitoyen dans les places et les honneurs que son prédécesseur lui avait conférés. La réputation de Mallet s'étendait au loin. En 1678, le nonce du pape lui écrivit une lettre flatteuse dans laquelle il lui mandait que son nom était connu à Rome, et l'exhortait en même temps à persévérer dans ses efforts pour le bien de la religion, s'engageant à rappeler ses services au souverain pontife et à lui faire obtenir la récompense qu'il méritait. Mais Mallet ne vit jamais le résultat de ces belles promesses. Une fièvre putride l'emporta le 20 août 1680, à l'âge de soixante-douze ans. Il fut enterré dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen. Son épitaphe, composée par le P. Commire, est rapportée dans l'Histoire du P. Daire. Charles Mallet laissa, en mourant, une partie de ses biens aux pauvres. Il portait pour armes : d'azur, à un phénix d'argent, sur un bûcher de gueules, accompagné de deux étoiles d'or en chef. Le nom de Mallet est très-commun à Montdidier, mais il n'existe aucun membre de la famille de Charles Mallet.

Examen de la traduction du Nouveau Testament imprimé à Mons. Rouen, 1667. (Daire.)

Barbier fait mention d'une édition de 1677, in-12, imprimée à Rouen, chez Eustache Viret : je n'ai vu ni l'une ni l'autre, mais je puis citer les deux suivantes, comme les possédant :

Examen de quelques passages de la traduction françoise du Nouveau Testament, imprimée à Mons. Divisé en plusieurs recueils, selon la diversité des matières ; avec plusieurs censures qui condamnent cette traduction, et l'arrest de Sa Majesté qui défend de la vendre et de l'imprimer. Rouen, Eustache Viret, 1676. In-12, 495 pages.

Dans l'autre édition le titre est le même, mais à la suite de ces mots, et l'arrest de Sa Majesté qui défend de la vendre et de l'imprimer, on lit :

« Troisième édition, reveue, corrigée et augmentée de plusieurs passages, et autres remarques, trouvés dans les manuscrits de l'auteur après son déceds. Rouen, chez la veuve Eustache Viret, 1682. » In-12, 600 pages. »

Arnauld répondit à Mallet dans un ouvrage intitulé :

« Nouvelle défense de la traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons ; contre le livre de M. Mallet, docteur de Sorbonne, chanoine et archidiacre de Rouen, où les passages qu'il attaque sont justifiés, ses calomnies confondues, et ses erreurs contre la foy réfutées. Cologne, Symon Schouten, 1680, in-8°, 2 vol. » Le second volume porte pour titre : « Continuation de la nouvelle défense, etc. »

Réponse à un libelle intitulé : Seconde Lettre d'un ecclésiastique à une dame de qualité.

C'est un petit volume dans lequel Mallet attaque la traduction du Nouveau Testament de Mons.

De la Lecture de l'Écriture sainte en langue vulgaire, par M. Charles Mallet, docteur de la maison et société de Sorbonne, archidiacre et chanoine de l'église métropolitaine de Rouen, et vicaire général de monseigneur l'archevêque de Rouen. Rouen, Eustache Viret, 1679. In-12, 326 pages et une feuille de corrections.

Arnauld prit la plume et fit paraître le volume suivant :

« De la Lecture de l'Écriture sainte contre les paradoxes extravagants et impies de M. Mallet, docteur de Sorbonne, chanoine et archidiacre de Rouen, dans son livre intitulé : De la Lecture de l'Écriture sainte en langue vulgaire. Anvers, Simon Matthieu, 1680, in-8°.

Réflexions sur tous les ouvrages de M. Arnauld.

Elles ont été insérées dans les recueils du temps.

Réponse aux principales raisons qui servent de fondement à la nouvelle défense du Nouveau Testament imprimée à Mons. Rouen, chez la veuve d'Eustache Viret, 1682, in-8°.

Cet ouvrage parut après la mort de l'auteur.

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