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Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section LV

par Victor de Beauvillé

PAVIE (Michel), docteur en théologie de la Faculté de Paris, doyen de la cathédrale de Cambrai, conseiller et confesseur de Charles-Quint, naquit à Montdidier vers le milieu du quinzième siècle ; son père exerçait le métier de boucher, et demeurait au coin de la rue du Bourget. Après avoir commencé ses études dans sa patrie, Michel Pavie se rendit à Paris, où il se fit recevoir maître ès arts en 1482 ; en 1495 il concourut pour la licence en théologie et fut admis le troisième. Le 12 juillet 1497, les chanoines de Cambrai lui conférèrent un canonicat et le nommèrent théologal ; afin que rien ne manquât à sa dignité, ils lui accordèrent, sur sa demande, une somme de 100 écus pour subvenir aux frais de son doctorat, et le dispensèrent de la résidence pendant un temps déterminé. Pavie ne tarda pas à justifier la confiance qu'on avait en lui, et, le 11 décembre de la même année, il se fit recevoir docteur par Jean de Rely, évêque d'Angers. Le 2 octobre 1506, il fut élu doyen du chapitre de Cambrai.

Cette ville ayant été choisie, en 1508, pour servir de lieu de réunion aux envoyés des cours de France et d'Espagne qui devaient y discuter les articles d'un traité de paix entre les deux royaumes, une foule de seigneurs et dé grands personnages s'y rendirent. Marguerite d'Autriche, duchesse de Savoie, gouvernante des Pays-Bas, et Georges d'Amboise, cardinal-archevêque de Rouen, chargés de diriger les négociations, vinrent à Cambrai, accompagnés d'une suite nombreuse.

Pavie, comme doyen du chapitre, eut plusieurs fois occasion de porter la parole devant une assemblée composée des plus grands seigneurs ou des plus savants personnages de l'époque, et toujours il se fit remarquer par la justesse de son esprit et la variété de ses connaissances. La duchesse de Savoie, l'une des personnes les plus instruites de son siècle, témoigna publiquement le plaisir qu'elle avait à l'entendre. Pavie lui ayant adressé un discours, le 23 novembre 1508, cette princesse exprima hautement la satisfaction qu'elle en avait éprouvée. La preuve en était consignée en ces termes sur le registre du chapitre : Domina Margareta hilari vultu, et facie benignissima audivit, atque illico, finita ipsius domini decani oratione, proprio ore venustissime respondit, in gratiarum actione oblationem sibi per decanos de capitulo factum accipiendo. Notre compatriote avait-il à parler devant le cardinal d'Amboise, son éloquence, libre d'entraves, prenait un essor plus élevé ; il ravissait son auditoire, et le rendait muet d'étonnement. Le secrétaire du chapitre ne trouva d'antre moyen pour rendre l'effet prodigieux que Pavie produisait sur les assistants que de transcrire ce vers de Virgile :

Conticuere omnes, intentique ora tenebant.

La paix ayant été signée le 10 décembre 1508, ce fut Michel Pavie qui en fit la publication solennelle dans le chœur de la cathédrale.

En 1509, l'empereur Maximilien le choisit pour confesseur de Charles d'Autriche, depuis Charles-Quint. Michel Pavie s'attacha à ce prince et ne le quitta plus. Le roi d'Espagne avait une grande confiance en lui, et l'employa souvent dans des négociations avec le roi de France. Il venait de le nommer à l'évêché de Soria, en Espagne, lorsqu'il mourut à Bruxelles, le 17 mai 1517. Pavie fut enterré, ainsi qu'il en avait exprimé la volonté, dans le couvent de Nigelles, auquel il légua 50 florins.

Michel Pavie n'avait point oublié le lieu de sa naissance. Par testament, il légua à la paroisse Saint-Pierre, sur laquelle il était né, 120 liv. tournois, destinées à fonder un obit solennel pour le repos de son âme et de celles de
ses parents, et 40 sols de revenu pour la réfection et pieuse récréation des prêtres qui assisteront à l'obit. Nous avons cité souvent son nom en parlant des églises de Montdidier ; il s'était plu à les enrichir de ses dons. L'on voyait son portrait et ses armes au bas de plusieurs verrières.

Michel Pavie pouvait être âgé de soixante ans au moment de son décès ; il était clerc de l'église Saint-Pierre et maître ès arts en 1482, ce qui ferait supposer qu'il devait avoir alors de vingt à vingt-cinq ans. Il portait pour armoiries : d'azur, à un croissant d'argent en abyme tourné à droite, surmonté d'une croisette alaisée d'or, et entouré de sept étoiles d'argent.

Aux talents de l'orateur, du diplomate et du théologien, notre compatriote joignait celui du littérateur ; les belles-lettres charmaient ses loisirs. Il avait écrit des notes savantes sur Térence et sur les Commentaires de César. La famille Pavie a complétement disparu de Montdidier dans le dix-septième siècle.

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