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Histoire de Montdidier
Livre I - Chapitre XV - Section IV

par Victor de Beauvillé

Section IV

Retour de l'île d'Elbe

Levée extraordinaire

Bataille de Waterloo

Impôts énormes

Disette

Tranquillité dont on jouit sous la Restauration

Établissement d'un octroi

La porte de Paris est démolie

 

Le retour de Napoléon de l'île d'Elbe, et les événements qui en furent la suite, augmentèrent encore les charges publiques. Le 29 avril 1815, le préfet de la Somme enjoignit à la commune de Montdidier de fournir vingt-cinq gardes nationaux pour tenir garnison à Lille et à Arras ; ils devaient être rendus à leur poste le 10 mai ; une paye de 1 fr. 50 c. était assignée à chaque homme. On fut sourd à cet ordre. La nation était lasse de guerre ; le prestige de l'empereur n'existait plus, et il fut impossible de réunir ce faible contingent. Quelle différence de cette froideur avec l'élan irrésistible qui, en 1793, entraînait nos volontaires à la frontière ! Le service de la garde nationale n'était pas obligatoire personnellement, on pouvait se faire remplacer ; mais il ne s'offrit pas plus de remplaçants que de gardes nationaux, et, malgré les efforts de l'administration, le 17 mai nul ne s'était encore présenté. Le conseil municipal prit alors la résolution d'enrôler des hommes auxquels on donnerait 9, fr. 50 c. par jour et 30 fr. de gratification. On était réduit aux expédients ; la catastrophe de Waterloo trancha la difficulté, et rendit ces mesures entièrement inutiles.

Le canon de cette terrible journée se fit entendre jusqu'à Montdidier : en appuyant l'oreille contre la terre, on sentait trembler le sol ; dès le surlendemain de la bataille, on voyait dans nos murs de malheureux blessés, tristes victimes de ce grand désastre. L'ennemi les suivait de près. Le 27 juin, à trois heures de l'après-midi, treize hussards anglais arrivèrent à Montdidier ; ils précédaient d'un jour un corps d'armée de vingt-cinq à trente mille hommes, composé d'Anglais, de Prussiens et de Belges. Ces troupes n'entrèrent point en ville, elles passèrent par le Val-à-Carré, campèrent au-près du chemin de Tricot, dans la plaine, et se dirigèrent vers Clermont. Les forces coalisées de toute l'Europe occupaient la France ; notre ville eut aussi sa part d'ennemis à loger : trois mois de suite des Prussiens y tinrent garnison.

Pour faire face aux dépenses extraordinaires que nécessita cette fatale campagne de 1815, des impôts fort élevés furent établis. Une ordonnance royale du 16 août ayant prescrit un emprunt de cent millions, Montdidier y contribua pour 12,929 fr., et l'arrondissement pour 442,111 fr. ; on payait 50 centimes par franc en sus des contributions : quelques communes obtinrent des dégrèvements, et ne payèrent que 30, 20 et même 10 centimes par franc.

La cherté du blé ajouta aux charges qui pesaient sur les contribuables. L'année 1816 fut extrêmement pluvieuse : la quantité d'eau qui tomba fut telle qu'on ne put terminer la récolte qu'au mois d'octobre. Le blé renchérit progressivement. Afin d'occuper les ouvriers pendant l'hiver de 1816 à 1817, on rasa la butte de terre et la tour Rouge qui se trouvaient à l'extrémité de la rue du Moulin-à-Vent. Quatre-vingt-dix-sept personnes furent employées à ce travail, qui coûta près de 6,000 fr. à la ville ; on couvrit en partie la dépense au moyen d'une quête à domicile. Le prix du blé continua de hausser et devint excessif. Le 7 juin 1817, il atteignit un chiffre auquel de mémoire d'homme il n'était jamais monté dans le pays : le sac contenant cent quatre-vingt-trois litres se vendit ce jour-là de 130 à 135 fr., et l'orge 100 francs. Cependant, malgré cette cherté énorme, le peuple fut moins exigeant, et supporta cette épreuve difficile avec plus de résignation qu'il ne le fait de nos jours, pour peu que le cours du blé vienne à augmenter et à dépasser le taux habituel.

L'année 1818 effaça toute trace de misère, et par son abondance consola les habitants des privations qu'ils avaient endurées. Au mois de janvier de cette année, on reprit les travaux de démolition de la butte du Moulin-à-Vent, qui disparut complétement.

Aucun fait digne de fixer l'attention n'arriva à Montdidier pendant les quinze années de la Restauration, temps de calme et de repos qui rendit au pays un bien-être et une prospérité dont il avait grand besoin. Le 25 août 1818, on inaugura avec solennité à l'hôtel de ville le buste de Louis XVIII ; M. Lendormy, notre ancien sous-préfet, nommé maire depuis peu de temps, profita de l'occasion pour faire un discours. Le pays fut tout à coup tiré de sa tranquillité par le crime horrible de Louvel : la consternation fut universelle ; mais la naissance du duc de Bordeaux vint mettre un terme à la douleur publique, et les pauvres ne furent pas les derniers à se ressentir de cet heureux événement. En 1820, le conseil municipal contribua pour une somme de 200 fr. à l'érection de la chapelle qui avait été construite sur la place Louvois, à la mémoire du duc de Berry, édifice que l'indifférence coupable de la branche aînée des Bourbons laissa inachevé, et que le gouvernement de Juillet fit démolir en 1838. Une somme de 100 fr. fut aussi votée pour le monument élevé dans la salle des Pas-Perdus du palais de justice, à Paris, au défénseur de Louis XVI, le vertueux Malesherbes. En 1821, la ville fit don de 200 fr. pour concourir à l'acquisition du domaine de Chambord. On a bien crié sur cette offrande volontaire, qui ressemblait un peu à une contribution obligée. Depuis, a-t-on agi différemment ? En 1842, lorsqu'on dressa une statue équestre au duc d'Orléans dans la cour du Louvre, on ouvrit une souscription que l'on appelait aussi volontaire ; le percepteur se présentait chez les fonctionnaires, inscrivant sur un registre leur nom et le montant de leur générosité dynastique ; on tenait note de leur don comme du recouvrement de l'impôt, ce qui n'empêcha point de graver sur le piédestal de la statue :

au prince royal,

l'armée.

La flatterie est de tous les régimes.

L'année 1823 fut remarquable par une mission que firent les Lazaristes. Elle était dirigée par les PP. Choissat, Redon et Bruyer, auxquels s'était adjoint M. Capelet, professeur du collége. Commencée le 23 février, elle ne fut terminée que le 9 avril ; le zèle trop ardent des missionnaires les fit sortir quelquefois des limites des convenances, et fournit matière aux ennemis de la religion. Les exercices religieux qui avaient lieu à Saint-Pierre étaient très-suivis : le 6 avril, fête de la Quasimodo, Mgr de Châbons, évêque d'Amiens, donna dans cette église la communion à plus de huit cent cinquante personnes ; le même jour, vers trois heures après midi, le prélat, accompagné d'un nombreux clergé de la ville et des environs, se rendit processionnellement à l'endroit où devait être placée la croix de mission. Cette croix, qui était de grande dimension, fut portée à bras d'hommes de Saint-Pierre au Sépulcre, puis, par la rue de Roye et le Marché-aux-Chevaux, jusqu'à l'entrée de la route d'Amiens, où elle fut plantée en face de la porte du collége. Un temps superbe favorisa cette cérémonie, qui avait attiré une foule immense groupée sur les talus de la route. La plantation fut suivie d'un discours de l'évêque. Sur la croix étaient appliqués une quantité de petits cœurs de cuivre doré, portant le nom des donateurs. Le lendemain de cette fête, le sacrement de confirmation fut administré à plus de trois cents personnes dans l'église du Sépulcre.

Les missions furent un des principaux griefs que le parti libéral exploita contre la Restauration. Aussitôt après la révolution de Juillet, le nouveau maire fit enlever nuitamment la croix, et crut signaler son courage et l'indépendance de ses opinions par cet exploit nocturne ; la croix fut alors transportée à Saint-Pierre, et, plusieurs années après, au cimetière, où elle est encore aujourd'hui. Étrange contradiction de notre nation ! on a attaqué et renversé Charles X, en partie, parce qu'il allait à la messe ; les Bourbons furent chassés en haine des Jésuites, et la république de 1848 a rétabli non-seulement les Jésuites, persécutés vingt ans auparavant, mais les Oratoriens, les Capucins, les Franciscains et presque tous les ordres monastiques. La tolérance religieuse le veut ainsi, et nous nous réjouissons fort de la voir mise en pratique ; mais qu'on applique donc ces principes de liberté à toutes choses. Ce qui s'est passé depuis la Restauration a bien vengé la branche aînée des reproches injustes dont elle fut l'objet. Notre pays ne procède trop souvent que par inconséquences, n'avance que par sauts et par bonds, et se laisse tomber avec une facilité inconcevable dans le moindre piége tendu par des bateleurs politiques.

En 1824, M. Langlois de Septenville, ancien receveur des finances de l'arrondissement de Montdidier, succéda à M. Lendormy dans les fonctions de maire ; une innovation financière signala son administration, et c'est à partir de cette époque que les consommateurs furent astreints à des droits dont jusqu'alors ils avaient été exemptés. La Révolution avait dépouillé la ville de la plus grande partie de ses revenus. On avait vainement tenté de les remplacer par les centimes additionnels, le dixième sur les patentes, le droit de marché, etc. Les dépenses augmentaient dans une proportion plus rapide que les recettes, et le budget municipal avait peine à y suffire. L'entretien du pavé et des chemins, les réparations aux églises et aux bâtiments communaux, le salaire des employés de la ville, emportaient la plus forte part des recettes communales. Des besoins nouveaux obligeaient à des dépenses nouvelles. L'éclairage public était anciennement totalement inconnu ; en 1824, il n'y avait à Montdidier qu'un seul réverbère, placé en face de l'hôtel de ville. Lorsqu'elles allaient en soirée, nos merveilleuses se faisaient précéder de leur Lisette portant un large falot à double verre, garni d'une chandelle dont la lueur douteuse éclairait fort mal les inégalités du pavé ; les élégants, pour avoir les mouvements libres et pouvoir offrir galamment le bras aux dames avaient de petites lanternes de poche qu'ils accrochaient au bouton de l'habit, ce qui de loin leur donnait l'air de lampions ambulants. Le progrès se fit sentir chez nous comme partout ailleurs : en 1825, la pose de deux réverbères fut décidée ; on procédait lentement, mais peu à peu notre ville est arrivée au point d'être passablement éclairée.

Le P. Daire rapporte ainsi l'établissement des réverbères à Montdidier : « Sous messieurs de Saint-Sauveur, Cocquerel, et Mallet (maïeurs de 1760 à 1763), on a établi des lanternes  publiques qui ne sont onéreuses à personne. Les nouveaux propriétaires des maisons doivent une certaine somme aux quartiers où elles sont situées : les locataires en doivent une autre, depuis 40 sols jusqu'à 3 livres ; il est dû davantage pour les mariages et les réceptions dans les charges. De la réunion de ces sommes on avoit, au bout d'un certain temps, de quoi faire un repas où se trouvoient toutes les personnes du quartier, sans distinction. Par un arrangement plus sage, on préleva l'entretien des lanternes, et le reste est employé aussi utilement. Qui empêcheroit de faire de même partout ailleurs ?  »

Pour réaliser des améliorations devenues indispensables, il fallait de l'argent, et la ville allait s'endettant de jour en jour. Depuis la Révolution on ne payait rien pour les boissons : la liberté était plus grande sous la Restauration que sous l'ancien régime, où le forage, l'afforage, le décargage, le jaugeage, l'avalage et toutes les exigences des agents de la ferme venaient prendre à la gorge le malheureux consommateur. L'établissement d'un octroi fut décidé, et, le 2 juin 1824, le conseil municipal vota la perception d'un droit d'entrée sur les boissons.

Afin de faciliter la recette, on adopta le tarif de l'administration des contrihutions indirectes, 1 fr. 10 c. par hectolitre de vin, 3 fr. 30 c. par hectolitre d'alcool, et 38 centimes par hectolitre de cidre ; la quantité de liquides qui entrait à Montdidier était évaluée à deux mille six cents hectolitres de vin en pièces, vingt hectolitres de vin en bouteilles, deux mille hectolitres de cidre et poiré, et deux cents hectolitres d'alcool ; en 1826, l'octroi figurait au budget municipal pour une somme de 4,418 fr. 16 centimes. L'octroi a été modifié par une ordonnance royale en date du 17 décembre 1846, et fixé ainsi qu'il suit :

Vins en cercles et en bouteilles. hectolitre 1 fr. 20 c.
Cidre, poiré, hydromel id » 50
Alcool et eaux-de-vie id 4 »
Bière id » 60

Depuis le 1er mai 1852, le gouvernement a abandonné au profit des consommateurs le dixième qui lui revient, d'où il résulte une légère diminution dans le tarif.

Le 12 octobre 1825, la Dauphine, accompagnée du duc Matthieu de Montmorency, traversa Montdidier à huit heures du matin ; elle venait de Compiègne et allait dîner à Moreuil, chez la marquise de Rougé, une de ses dames de compagnie. La princesse repassa dans l'après-midi. Les autorités et les élèves du collége attendaient son retour sur la place du Marché-aux-Chevaux. Parmi les jeunes gens confiés aux soins des Lazaristes se trouvait un fils naturel du duc de Berry, nommé Charles de Car……. ; la Dauphine ayant manifesté, le matin, le désir de voir cet enfant, celui-ci lui fut présenté. Elle s'entretint ensuite quelque temps avec les différentes autorités et les professeurs du collége, puis elle continua sa route. La foule, qui l'environnait en faisant retentir l'air de ses acclamations, était telle que la voiture dut aller au pas jusqu'au delà du fonds de Compiègne ; la duchesse laissa sur son passage des traces de sa munificence.

Sous la Restauration, des travaux importants s'exécutèrent à Montdidier : on construisit les beaux bâtiments de l'hôpital ; le collége fut agrandi de moitié, la chapelle réédifiée ; on démolit les fortifications et les vieilles portes qui obstruaient l'entrée de la ville. Le fossé à droite de la porte de Roye fut comblé et converti en une promenade dont les arbres ont été abattus en 1843, pour redresser la route d'Amiens à Compiègne : on appelait cette promenade le boulevard des Os rangés, parce qu'en démolissant les murs de la ville, on trouva à la base, une grande quantité d'os enchâssés dans la maçonnerie. Ce boulevard forme aujourd'hui la rue la plus large et la plus droite de Montdidier ; elle communique du Marché-aux-Vaches à la route de Rouen à la Capelle. De la place du Marché-aux-Chevaux jusqu'au carrefour des routes de Compiègne et de Roye, il y a un développement de rues fort étendu : ce quartier est destiné à devenir l'un des plus vivants de la ville ; il a de l'espace, les abords en sont faciles, et avant peu les petites maisons qui le déparent auront fait place à des constructions plus élégantes. Il a été question au conseil municipal de rétrécir cette voie ; à notre sens, ce serait une faute : sa largeur n'a rien d'exagéré. Montdidier a assez de ruelles, on peut bien lui laisser une grande rue ; espérons qu'il ne se trouvera pas une administration assez inintelligente pour se rendre coupable d'un tel manque de goût.

La vente des terrains communaux a été longtemps l'unique remède que nos administrateurs aient employé pour éteindre les dettes de la ville. Ce système avait été combattu énergiquement en 1830, dans un rapport présenté au conseil municipal sur les embellissements projetés à Montdidier ; en voici un passage : « Il est un point essentiel sur lequel on ne saurait trop s'étendre : c'est que tout le terrain appartenant à la ville est rigoureusement nécessaire, indispensable à la promenade ; il ne faut pas que l'appât de quelque argent puisse nous porter à vouloir en aliéner une portion quelle qu'elle soit. Plus tard, quand l'argent serait dépensé, on reconnaîtrait que nous avons manqué notre but et gâté notre entreprise. Montdidier ne présente tant de défectuosités que parce que l'on a trop souvent cédé à ces petites nécessités pécuniaires d'un moment, qui ont fait vendre une grande quantité d'emplacements que depuis on a bien regretté de ne plus avoir pour l'embellissement de la ville.

Évitons donc la faute de nos prédécesseurs, afin d'éviter de semblables regrets à ceux qui viendront après nous. Sachons garder ce que nous avons, et profiter de l'occasion unique d'une grande amélioration qui, une fois manquée, ne se représentera plus jamais. »

On devrait obliger les conseillers municipaux, avant d'entrer en fonction, de prendre connaissance des délibérations consignées dans les Registres de la mairie : cette lecture très-peu attrayante diminuerait le nombre des aspirants aux honneurs de la chaise curule ; ceux qui persisteraient auraient au moins quelques notions de leurs devoirs. Cette manie de vendre les terrains communaux n'a fait qu'augmenter : en 1849, l'administration aliéna jusqu'à la dernière parcelle de terre qui lui restait.

La porte de Roye fut abattue en 1828. Dans le rigoureux hiver de 1829, on commença les travaux de démolition de la porte de Paris. Le froid était tellement intense que l'on ne put entamer la première couche de terre que la gelée avait durcie : après d'inutiles efforts pour la rompre, il fallut se décider à ouvrir des tranchées en sous-œuvre, laissant la couche supérieure suspendue au-dessus des travailleurs, jusqu'à ce que la température, devenue plus douce, permît d'attaquer la surface du sol. Ce grand travail a changé l'aspect de Montdidier. Auparavant la vue ne s'étendait pas au delà de la rue Parmentier ; la porte s'élevait plus haut que le toit des maisons, et ne permettait pas de découvrir le faubourg et la campagne. De chaque côté les regards étaient attristés par des murs sales et délabrés qui enlaidissaient le quartier. La voûte était écrasée ; du haut de la Place, on aurait dit plutôt une entrée de cave qu'une porte de ville ; dans l'épaisseur des murailles on avait pratiqué des logements habités par de pauvres ouvriers, sombres demeures où l'air et le soleil ne pénétraient jamais. Après les Écuries du roi, dont nous avons parlé à la page 14, il y avait un pont de pierre, garni de parapets de brique ; à droite et à gauche se trouvaient les anciens fossés de la ville qui servaient d'égouts, véritables cloaques exhalant une odeur infecte. La porte de Paris formait presque le demi-cercle ; elle débouchait au haut de la petite place qui est à l'intersection des routes de Breteuil et de Saint-Just : le passage était roide, étranglé, dangereux même ; depuis que la porte est abattue, le faubourg fait comme partie de la ville, dont l'intérieur est égayé par l'aspect de la campagne ; mais combien d'années et de démarches n'a-t-il point fallu pour arriver à ce résultat ! Ce n'est que longtemps après la suppression de la porte de Paris que la route de Montdidier à Saint-Just a été redressée et mise dans l'état où elle est à présent. Si notre ville ne marche qu'à pas lents, l'administration des ponts et chaussées ne va guère plus vite, et, malgré toutes les prétentions de ses ingénieurs, et l'argent dont ils disposent avec tant de prodigalité, les travaux exécutés dans ces dernières années ne peuvent être que l'objet d'un blâme bien mérité. Le tracé de la route de Rouen à la Capelle, depuis Roye jusqu'au Mesnil-Saint-Firmin, surtout dans la traversée de Montdidier, est là pour justifier notre assertion.

La nouvelle officielle de la prise d'Alger fut proclamée à Montdidier le 10 juillet 1830 ; on était déjà informé de ce beau fait d'armes : le soir, la ville fut entièrement illuminée. M. l'abbé Vivier, supérieur des Lazaristes, avait fait élever un théâtre dans la cour du collége, et, à la clarté d'une brillante illumination, les élèves entonnèrent des couplets de circonstance composés par un professeur de la maison ; un grand nombre d'habitants prirent part à cette fête.

Le 18 du même mois, on dit à la même intention un Te Deum à Saint-Pierre ; l'église suffisait à peine pour contenir la foule des assistants. La cérémonie religieuse avait un éclat inaccoutumé : les officiers du premier bataillon du 6me léger, de passage à Montdidier, s'étaient empressés de se joindre aux autorités ; un fort détachement servait d'escorte. La musique exécuta avec un ensemble parfait différents morceaux d'harmonie. Pendant le Te Deum, qui fut chanté en chœur par tous les musiciens, on fit une quête dont le produit était destiné à secourir les veuves et les orphelins des militaires morts dans cette glorieuse expédition.

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