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Histoire de Montdidier
Livre II - Chapitre IV - § III

par Victor de Beauvillé

§ III

Gendarmerie

Prison

 

Le service de sûreté publique est confié aux soins de la gendarmerie. Montdidier est le chef-lieu d'une lieutenance qui comprend autant de brigades qu'il y a de cantons dans l'arrondissement ; celle de Montdidier se compose d'un maréchal des logis et de cinq gendarmes. Le quartier de gendarmerie, naguère très-convenablement placé à proximité du tribunal et de la prison, a été transféré en octobre 1853 à l'entrée du Chemin-Vert ; on aurait cherché dans toute la ville qu'on n'eût pas trouvé un endroit moins heureux.

La prison contiguë au palais de justice a été construite en 1839-1840, sur les plans de M. Cheussey, architecte du département ; elle occupe une partie des anciens fossés de la Salle du Roi. Le bâtiment, tout de brique ; est élevé d'un étage ; il a la forme d'un parallélogramme traversé dans sa longueur par un large corridor, sur lequel donnent les cellules, au nombre de vingt-quatre ; à l'extrémité on a disposé un autel où un vicaire de Saint-Pierre dit la messe le dimanche ; les détenus y assistent sans sortir de leurs cellules, qui sont propres, bien éclairées, et chauffées l'hiver par un calorifère. II y a trois cours destinées à la promenade des prisonniers. La prison ne remplit pas le but qu'on se proposait ; sa construction a été manquée, et, malgré la surveillance dont ils sont l'objet, les détenus trouvent moyen de communiquer entre eux. Ils jouissent des avantages du système cellulaire, sans en éprouver les rigueurs ; aussi la maison d'arrêt de Montdidier est-elle, pour certains individus, un séjour recherché.

Les condamnés à plus d'un mois d'emprisonnement subissent leur peine à Amiens. Le nombre des individus qui entrent à la prison est, année commune, de deux cent cinquante environ ; mais beaucoup n'y séjournent pas : ce sont des mendiants, des vagabonds, des prévenus ou des condamnés qui ne font que passer pour se rendre ailleurs. Le local est souvent insuffisant, et l'on est alors obligé d'avoir recours à l'ancienne prison. Il est déplorable, quand on construit un édifice neuf, qu'on prenne aussi mal ses mesures, et qu'un ne fasse pas un emploi plus intelligent des deniers publics. Ce bâtiment revient au département à près de 50,000 francs. Il eût été rationnel de consulter les personnes qui, par leur position, pouvaient donner d'utiles renseignements ; on n'en a rien fait ; on ne s'est adressé ni au procureur du roi ni au juge d'instruction : le conseil général a adopté les devis et voté les fonds, s'en rapportant uniquement à l'opinion de gens très-peu compétents dans ces sortes de matières. Malheureusement en France on procède souvent de la sorte, et la prison, malgré l'argent qu'elle a coûté, n'est qu'un édifice imparfait, et répond médiocrement aux exigences du service.

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