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Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section XL

par Victor de Beauvillé

« LE COCQ (Robert), Robertus Gallus, originaire d'Orléans, naquit à Montdidier de parents aisés, suivant les registres du chapitre de l'église cathédrale d'Amiens. Après avoir fait ses études dans cette dernière ville, il étudia en droit à Paris, et il exerça quelque temps la charge d'avocat du Roi dans le parlement, et ensuite celle de maître des Requêtes ; il avoit possédé un canonicat dans l'église d'Amiens, et il jouissoit de la dignité de préchantre lorsqu'il fut nommé évêque de Terrouenne en 1351. Avant sa consécration, il se rendit à Villeneuve, proche Avignon, en qualité de député du roi, pour négocier une alliance entre le Dauphin et Amédée VI, comte de Savoie. En 1353, il prêta serment à l'église de Reims, et la même année il fut avec d'autres, en qualité de conseiller, pour recevoir l'hommage que la comtesse de Haynaut devoit faire de la terre d'Ostrevant. On l'envoya, en 1354, vers Charles, roi de Navarre, au sujet de l'assassinat du connétable Charles d'Espagne. La même année, il se trouva à l'assemblée tenue à Paris au sujet de la paix arrêtée entre le Dauphin et le comte de Savoye. Il prit parti, en 1357, pour Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, et il demanda que l'on condamnât à une amende le chancelier et tous ceux qui étoient à la tête des affaires. On créa alors trente-six conseillers pour s'opposer à l'autorité du duc de Normandie, et Robert fut à la tête de ce conseil pendant la détention du roi Jean en Angleterre. L'an d'après, il changea son siége contre celui de Laon, dont il ne prit pas possession. Cependant le nouveau conseil fut accusé de trahison pour avoir facilité l'évasion du roi de Navarre hors de Paris, et le Dauphin étant devenu roi, Robert se retira dans son diocèse ; mais le parlement s'obstina à demander sa déposition, le déclara ennemi du roi, et fit confisquer sa bibliothèque en 1362 : craignant alors les mauvaises affaires qu'on pouvoit lui susciter, il se retira dans l'Aragon ; on lui donna l'évêché de Calaguri, dit Calahorre. Il portoit : d'or, à trois coqs aussi d'or (sic), deux et un. (Daire.) »

Le P. Daire commet une erreur en disant que Robert le Cocq fut nommé évêque de Thérouenne en 1351 : c'est Robert ou Raymond Saquet qui occupa ce siége de 1335 à 1357. Robert le Cocq, dont le nom est resté flétri dans l'opinion publique, trompait indignement son maître, et faisait échouer toutes les entreprises formées par le Dauphin pour arriver à la délivrance du roi. Sa trahison fut découverte. Pierre de Puiseux, Robert de Carsault et Colard Coulergis, ses complices, furent décapités ; deux bourgeois de Laon subirent aussi le dernier supplice sur la place du Bourg. Robert le Cocq échappa au châtiment qu'il méritait en se sauvant en Espagne, déguisé sous le froc d'un moine de l'ordre de Prémontré. Le nécrologe de l'église d'Amiens fait ainsi mention de son décès :

SEPTEMBER.

OBITUS MAGISTRI RORERTI GALLI DE MONTEDESIDERII, QUI DUDUM FUIT CANONICUS ET PRECANTOR AMBIANENSIS, POSTEA LAUDUNENSIS EPISCOPUS ET DEMUM EPISCOPUS CALAGURRITANUS ET CALCIATENSIS IN ARRAGONIA.

Robert le Cocq fut évêque de Laon de 1351 à 1363. Lainé lui donne pour armes d'azur, à trois coqs d'or, crêtés, becqués, barbés et membrés de gueules. M. Lacombe, dans son Histoire de la bourgeoisie de Paris, t. IV, Paris, 1854, a consacré une notice spéciale à Robert le Cocq ; elle contient les détails les plus circonstanciés sur ce fameux agitateur. L'auteur s'est servi, pour la rédaction de sa notice, des Articles contre Robert le Cocq, évesque de Laon, pièce originale conservée à la Bibliothèque nationale, et publiée par M. Douët d'Arcq, dans la Bibliothèque de l'école des Chartes.

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