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Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section L

par Victor de Beauvillé

MERBES (Bon de), prêtre, docteur en théologie et prédicateur estimé, naquit en 1598. On ignore quelle était la profession de son père et l'emploi que le futur auteur fit de sa jeunesse. Il était déjà avancé en âge quand il se destina à l'état ecclésiastique. En 1630, Bon de Merbes entra chez les pères de l'Oratoire, et se livra avec ardeur à l'étude des belles-lettres ; en 1638 et 1639, il professa la rhétorique au collége de Vendôme, et, en 1640, à celui de Nantes. Vers cette époque, il fut ordonné prêtre ; il se rendit alors à Paris, et se fit admettre au collége Saint-Magloire, où pendant deux ans il s'occupa uniquement de théologie, puis il sortit de la congrégation de l'Oratoire, sans qu'on en sache le motif. Maître de ses actions, de Merbes suivit le penchant naturel qu'il avait pour parler en public, et s'adonna de nouveau à la rhétorique, dont il fit un cours au collége de Navarre ; en 1643, il y prononça avec succès l'oraison funèbre de Louis VIII.

La culture des belles-lettres ne le détourna point de l'étude de la théologie ; il s'appliqua à la lecture de l'Écriture Sainte et à celle des Pères de l'Église, et déploya, comme prédicateur, les mêmes talents qu'il avait montrés comme professeur. Sa réputation fut bientôt solidement établie ; mais, dédaignant les éloges du monde et les honneurs qu'il pouvait espérer, Bon de Merbes quitta Paris pour venir dans sa ville natale se consacrer à l'étude des auteurs ecclésiastiques.

Ses compatriotes, appréciant son mérite, lui offrirent d'une voix unanime la direction du collége ; il accéda à leurs désirs et accepta les humbles fonctions qui lui étaient proposées. De 1658 à 1669, il conserva la direction de cet établissement, employant les loisirs que lui laissait sa place à méditer les Écritures et à étudier les monuments de l'antiquité sacrée.

Michel le Tellier, archevêque de Reims, qui connaissait le talent de Bon de Merbes, ne lui permit point de se confiner obscurément dans une petite ville, et de priver le public de son expérience et de ses lumières ; il l'engagea à composer un recueil de théologie morale basée sur les dogmes de l'Évangile, en réponse à des principes que quelques casuistes s'efforçaient de faire admettre dans le sein de l'Église.

Bon de Merbes hésita : sa modestie le faisait douter de ses forces ; mais, cédant aux instances d'un prélat aussi distingué que l'archevêque de Reims, il se décida à publier le grand ouvrage qui devait faire passer son nom à la postérité. Il retourna à Paris pour en surveiller lui-même la mise au jour ; deux volumes avaient déjà paru, et il se disposait à donner le troisième, lorsque la mort l'enleva le 2 août 1684, à l'âge de quatre-vingt-six ans ; il fut enterré dans le cimetière de la paroisse Saint-Étienne du Mont. Bon de Merbes était d'une grande simplicité de mœurs, et sa piété égalait son savoir.

Summa christiana, seu orthodoxa morum disciplina ex sacris Litteris, sanctorum patrum monumentis, conciliorum oraculis, summorum denique pontificum decretis fideliter excerpta. In gratiam omnium ad ædificationem corporis Christi (quod est Ecclesia) incumbentium elaborata. Opera et studio M. Boni Merbesii Mondiderini, diœceseos Ambianensis presbyteri, prædicatoris et doctoris theologi. Parisiis, sumptibus Antonii Dezallier, via Jacobæa, sub signo Coronæ aureæ, MDCLXXXIII, 2 vol. in-folio.

L'ouvrage est dédié à l'archevêque de Reims ; on peut consulter sur ce qu'il renferme le Journal des Sçavants du 17 mai 1683 et les Mémoires du P. Niceron. Cet ouvrage a été réimprimé à Turin en 1770, Guibert et Orgeas, libraires, 4 vol. in-4°. La même année, il en parut une autre édition à Venise, chez Nicolas Pezzana, 2 vol. in-fol. : en tête du premier volume se trouve un beau portrait de Charles III, roi d'Espagne. Ces deux réimpressions, faites cent ans après la mort de Bon de Merbes, sont une preuve certaine du mérite de son ouvrage.

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