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Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section LXIII

par Victor de Beauvillé

Nous avons parlé plusieurs fois, dans le cours de cette histoire, des seigneurs de la Tournelle : ils occupaient le premier rang à Montdidier. Quelques auteurs, du Cange entre autres, ont prétendu que notre ville s'appelait la Tournelle avant d'avoir pris le nom sous lequel elle est connue ; nous avons combattu cette opinion dans le tome I, page 36, de cet ouvrage. Le rôle considérable qu'ont joué les seigneurs de la Tournelle nous fait un devoir d'entrer dans quelques détails sur les principaux personnages de cette ancienne famille.

1130. PIERRE, seigneur de la TOURNELLE, le premier dont le nom est arrivé jusqu'à nous, vivait vers l'an 1130. De son mariage avec Hévide ou Havois, il eut deux enfants : Robert, décédé sans postérité, et Rogue ou Rogon, qui lui succéda. Pierre fit don à l'église du prieuré de Notre-Dame de dix muids de blé à prendre tous les ans sur le moulin Neuf (le moulin de la porte de Paris), savoir : cinq muids pour le repos de son âme et cinq muids pour le repos de l'âme de son fils Robert, prédécédé. Ce fut lui qui lit bâtir l'église Sainte-Madeleine de Rollot, dans laquelle ses successeurs ont fondé plusieurs prébendes.

1170. Rogue ou Rogon de la TOURNELLE assista en 1170, avec Philippe de Flandre et Élisabeth, son épouse, à la transaction passée à Montdidier entre l'abbaye de Corbie et Rogon de Roye, concernant le village de Monchy, près Coudun, la dîme de Rocquencourt et d'autres biens appartenant à, l'abbaye de Corbie (Pièce just. 5). augmenta, en 1178, de deux muids de blé la donation que son père avait faite aux Bénédictins de Montdidier. En 1189, il confirma la donation faite aux religieux de Froidmont par Jean Rage et Agnès, sa mère, d'une rente de deux muids de froment, mesure de Montdidier, à prendre sur la terre du Cardonnois : l'acte fut passé en présence des sept enfants de Rogue. C'est de ce Rogue de la Tournelle qu'il est parlé dans la charte de Philippe-Auguste : Similiter Rogo de Tornella suum habebit prœpositum qui non erit de illa communia. Rogue mourut quelque temps après, laissant quatre fils : Robert, Pierre, Raoul, Rogue, et trois filles : Aelis, Églina et Philydonne.

1200. Robert I, seigneur de la TOURNELLE, chevalier, sanctionna en 1178, conjointement avec son père, la donation de deux muids de blé que ce dernier avait faite à l'église de Notre-Dame. Au mois de mai 1206, il établit, du consentement de Marie, sa femme, trois canonicats dans l'église de la Madeleine de Rollot, et les dota de cinq muids de froment, six muids de vin de Coudun et d'une dîme à Conchy ; il fit don à la nouvelle collégiale de 5 sols pour le luminaire de la décollation de saint Jean-Baptiste, et lui abandonna le reste des chandelles de son hôtel partout où il habiterait : Residuum candelarum hospitii sui ubicumque maneat. A cette libéralité il ajouta seize mines de terre autour de l'église, plus 5 sols 6 deniers et quatre chapons et demi de rente, que Rogue, son père, avait laissés pour dire des prières à son intention. Cette donation fut approuvée par Richard de Gerberoy, évêque d'Amiens. Le muid de blé était estimé 20 sols, le muid d'avoine 10 sols, et le muid de vin, mesure de Coudun, le même prix.

Au mois d'août 1209, Robert accorda aux religieux de Saint-Leu d'Esserent l'exemption du droit de péage dans les prés dépendants de son domaine de Montataire. En 1211, il prit part à la bataille de Bouvines, et il est nommé le premier parmi les chevaliers bannerets de Vermandois qui combattirent dans cette fameuse journée. Dans le mois de mai 1218, il se démit, en faveur de Philippe-Auguste, des droits de succession, de escaheta, auxquels il pouvait prétendre dans le comté de Clermont, principalement à Montataire, du chef de Thibault, comte de Blois, et de Clermont, fils de Catherine, comtesse de Clermont, sa cousine germaine : Thibaut lui avait cédé ses droits au mois d'avril précédent, peu avant son décès. Par acte passé à Compiègne au mois de juillet de la même année, le roi fit don à Robert de la Tournelle de la terre de Bonneuil. Robert vivait encore en 1231, ainsi que Marie, sa femme. Cette année ils transigèrent avec les religieux de Saint-Corneille de Compiègne au sujet des terres de Mesviller (Piennes), Faverolles et la Villette. Nous avons reproduit le sceau de la Tournelle en 1211, d'après l'original conservé aux Archives nationales.

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1231. Robert II de la TOURNELLE, chevalier ; sa femme se nommait Marguerite. De concert avec elle, il ratifia, en 1331, l'arrangement conclu par son père avec l'abbaye Saint-Corneille ; au mois de mai 1261, il confirma la donation que Raoul de Montigny avait faite à l'abbaye de Froidmont de quatre-vingt-six journaux de terre à la Fosse-Thibaud, renonçant aux droits seigneuriaux dont il jouissait.

1278. Robert III de la TOURNELLE, chevalier. Nous avons rapporté, au chapitre de la Mairie, un arrêt du parlement intervenu au sujet d'une contestation qui s'était élevée entre les habitants et ce seigneur relativement à une ordonnance qu'il avait faite sur les monnaies. En 1280, Robert est qualifié de seigneur prédominant de Chepoix. Il avait épousé Hélisenne de Maignelers ; l'un et l'autre firent du bien à l'église de Rollot.

1289. Jean, seigneur de la TOURNELLE, chevalier, fils de Robert III et d'Hélisenne de Maignelers, épousa Jeanne de Champien. En 1289, il vendit aux maïeur et échevins de Montdidier, moyennant 237 livres 12 deniers parisis de rente, tous les droits de justice, cens, forages, tonnelieu, etc., qui lui appartenaient dans la ville et la banlieue, à la réserve de ses fiefs, droitures et forfaitures, de son manoir dans la ville et de son vivier dans la banlieue ; nous avons rapporté (Pièce just. 17) l'acte de vente.

Avant de continuer la généalogie des la Tournelle, il est bon de voir ce que sont devenus ces 237 liv. 12 deniers parisis de rente que la ville devait payer à cette famille.

Le 2 juillet 1294, Jean de la Tournelle céda aux maître, frères et sœurs de la maison Saint-Ladre de Montdidier 30 liv. de rente, faisant partie des 237 liv., en échange d'une maison située près l'église de la Madeleine de Rollot et de terres qui en dépendaient ; restaient 207 livres 12 deniers parisis.

Au mois d'avril 1351, Hugues Darsy, évêque de Laon, et Jean Chambellan, trésorier de l'église de Sens, achetèrent de Jeanne de la Tournelle, dame d' Estouteville, petite-fille de Jean de la Tournelle, 103 liv. 10 s. 10 d. parisis de rente, formant la moitié de ce qu'elle touchait chaque année sur la ville de Montdidier, et ils en firent don au collége de Cambrai, qui devint créancier de la ville.

Le 3 janvier 1371, Guillaume de Dormans, chancelier de France, acquit de Hugues de Montmorency, descendant au quatrième degré de Jean de la Tournelle, les 103 liv. 10 s. 6 d. parisis restant dus de la rente de la Tournelle, et les donna au collége de Beauvais, dont il était le fondateur ; cette somme lui servit à y créer cinq bourses. Après divers remboursements, la ville payait encore, en 1785, une somme de 129 liv. 7 sols tournois, ou 103 liv. 10 sols parisis au collége Louis-le-Grand, dans lequel s'étaient fondus les colléges de Cambrai et de Beauvais ; ainsi pendant cinq cents ans la ville acquitta fidèlement la dette qu'elle avait contractée.

Jean de la Tournelle fut tué, en 1302, à la bataille de Courtray. Il avait ajouté deux canonicats aux trois établis par son bisaïeul dans l'église de la Madeleine, et gratifié les chanoines de 15 liv. parisis de rente. Jean laissa deux enfants : Robert, qui lui succéda, et Marguerite de la Tournelle, mariée en premières noces à Robert, seigneur d'Équennes, vicomte de Poix, tué à la bataille de Mons-en-Puelle (1304) ; et, en secondes noces, à Gilles, seigneur de Soyecourt, grand veneur de France. Françoise de Soyecourt, petite-fille de Gilles, épousa Ponthus de Belleforière, dont les descendants étaient, avant la Révolution, seigneurs de terres considérables situées dans les élections de Péronne et de Montdidier

1302. Robert IV de la TOURNELLE ne paraît dans les actes qu'avec le titre d'écuyer. En 1306, il s'occupa de pourvoir aux revenus des canonicats fondés par son père dans l'église de Rollot. De son mariage avec Marie, dame de Fignières et de Boussicourt, il n'eut qu'une fille, Jeanne de la Tournelle, qui épousa Jean de Montmorency, seigneur de Beausault. Après la mort de Robert de la Tournelle, Marie de Fignières se remaria avec Florent de Varennes, chevalier.

André Duchesne, dans sa Généalogie de la maison de Montmorency, appelle la femme de Robert de la Tournelle, Marie de Ferrière ; c'est une erreur ; elle se nommait Marie de Fenières ou Fignières, comme l'on dit aujourd'hui ; dans un titre de 1339, elle est désignée sous le nom de Marie, dame héritière de Boussicourt et de Fenières. A cette époque, elle était déjà remariée avec Florent de Varennes.

1325. Jeanne de la TOURNELLE, fille et héritière de Robert IV, épousa Jean de Montmorency Ier, seigneur de Beausault, de Breteuil et de la Faloise, qui mourut en 1337, ne laissant qu'un fils unique. Après la mort de son mari, Jeanne de la Tournelle se remaria avec Nicolas d'Estouteville, seigneur d'Ansebot ; ce fut pendant son second mariage qu'elle vendit, en 1351, à Hugues Darsy et à Jean Chambellan une partie de la rente qui lui était due par la ville de Montdidier.

1337. Jean de Montmorency II et Isabeau de Nesle.

1368. Hugues de MONTMORENCY et Jeanne de Harcourt. Il vendit, en 1371, à Guillaume de Dormans le reste de la rente que lui devait la commune de Montdidier ; ainsi, en moins d'un siècle, les descendants de Jean de la Tournelle aliénèrent la rente constituée à son profit. Les propriétés foncières sont plus stables ; il est certain que, si Jean de la Tournelle avait conservé sa seigneurie de Montdidier, elle serait demeurée plus longtemps dans sa famille.

1404. Jean III de MONTMORENCY, mort garçon en 1446. Après lui, la seigneurie de la Tournelle passa à Catherine de Montmorency, sa sœur, fille aînée de Hugues de Montmorency.

1446. Catherine de MONTMORENCY avait épousé en premières noces Laurent de Sainte-Beuve, chevalier, seigneur de Montmorency-sur-Andelle ; elle n'eut qu'une fille, mariée à Robert d'Estouteville, seigneur d'Ansebot. Catherine de Montmorency se remaria en 1424 environ, avec Matthieu III, seigneur de Roye, Muret, Messis et Guerbigny, dont elle eut un fils, Jean, qui lui succéda dans la seigneurie de la Tournelle.

1450. Jean IV de ROYE et Blanche de Brosse.

1480. Antoine de ROYE et Catherine de Sarrebruck, comtesse de Roucy.

1515. Carles de ROYE et Madeleine de Mailly.

1552. Éléonore de ROYE. Elle épousa, en 1551, Louis de Bourbon, prince de Condé, qui devint, du chef de sa femme, seigneur de la Tournelle ; il fut tué à la bataille de Jarnac, le 13 mai 1569. Éléonore de Roye mourut le 23 juillet 1564, âgée de vingt-quatre ans et cinq mois ; elle fut la bisaïeule de Louis II de Bourbon, le grand Condé.

1568. Henry de BOURBON Ier, prince de Condé.

1588. Henry de BOURBON II, prince de Condé. En 1626 il vendit les seigneuries de Guerbigny et de la Tournelle à Maximilien de Belleforière, seigneur de Soyecourt, comte de Tilloloy, chevalier des ordres du roi, lieutenant général en 1634 au gouvernement de Picardie et Boulonnais, descendant en ligne directe de l'ancienne famille de la Tournelle. Les Belleforière remontaient par les femmes à Jeanne de la Tournelle, fille de Robert IV, et les Soyecourt à Marguerite de la Tournelle, fille de Jean : on peut voir dans le père Daire la filiation de la famille de Belleforière-Soyecourt, dont le chef était seigneur du fief des Grandes-Tournelles.

Indépendamment des seigneurs de la Tournelle dont nous venons de parler, et qui formaient la branche aînée de cette famille, on rencontre fréquemment dans d'anciens titres le nom d'autres seigneurs appartenant à des branches collatérales ; il est de notre devoir de les mentionner également.

1130. Raoul de la TOURNELLE, vivait du temps de Pierre de la Tournelle, et était probablement son frère. Dans le concordat passé entre Garin, évêque d'Amiens, et Simon, évêque de Noyon, pour réunir l'église Notre-Dame de Montdidier ; à l'abbaye de Cluny, Raoul de la Tournelle figure au nombre des chanoines qui font partie de cette église.

1166. Baudouin de la TOURNELLE.

1178. Godefroy de la TOURNELLE souscrit, en 1178, à la charte de Thibaut, évêque d'Amiens, qui confirme la donation faite par Pierre et Rogue de la Tournelle de douze muids de blé au prieuré de Montdidier.

1197. Nevelon de la TOURNELLE, chevalier du Temple, témoin à un acte de donation passé par les Bénédictins de Notre-Dame en faveur des Templiers de Bélicourt, près Cuvilly.

1214. Pierre de la TOURNELLE, fils de Rogue, combattit avec son père à la bataille de Bouvines, et contribua par son courage à la prise du comte de Boulogne ; il est qualifié de sergent d'armes, titre qui n'appartenait alors qu'aux nobles. Ce fut Philippe-Auguste qui institua les sergents d'armes, qu'on peut regarder, dit de Saint-Foy, comme la première garde de nos rois de la troisième race : c'étaient des gentilshommes armés de massues d'airain et de flèches ; ils ne devaient point quitter le prince ni laisser approcher de sa personne aucun inconnu. Leur office était à vie. En 1216, un autre Pierre de la Tournelle était seigneur du Mesnil-Saint-Georges.

1214. Raoul de la TOURNELLE, frère de Pierre, est rangé au nombre des chevaliers bannerets de Vermandois qui combattirent à Bouvines. Philippe-Auguste, voulant récompenser ses services, lui fit don, en 1214, de la terre de Lignières, près Montdidier ; l'acte de donation est rapporté dans l'ouvrage du père Daire ; c'est à tort que la Roque, dans son Histoire généalogique de la maison d'Harcourt, l'appelle Ricardo de Tornella. En 1234, Raoul donna huit bonniers et demi de terre à prendre entre Lignières et Guerbigny, afin de construire une chapelle dans l'église d'Ourscamp pour le repos de l'âme de ses père et mère.

1189. Rogue de la TOURNELLE, quatrième fils de Rogue et frère des deux précédents, assista comme témoin, en 1189, à la donation faite par Adam Rage et Agnès, sa mère, aux religieux de l'abbaye de Froidmont.

1214. Enguerrand de la TOURNELLE : il en est fait mention dans les Antiquités du Beauvais, tome II, page 342. Louvet rapporte qu'une division s'éleva entre Philippe de Dreux, évêque de Beauvais, et les échevins de cette ville, « à cause qu'ils avoient fait ruiner et démolir l'hôtel d'un gentilhomme nommé Enguerrant de la Tournelle, sur lesquels ils n'avoient aucune juridiction, n'estant leur communier ni justiciable. »

1218. Jean de la TOURNELLE, chevalier, seigneur de Villers-Tournelle, prévôt de Saint-Just, accorda, en 1218, aux religieux de ce bourg le droit de tirer de la pierre de sa carrière. En 1224, avant d'entreprendre le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, il confirma l'église de Saint-Just dans la possession de la dîme d'Angivillers, afin d'assurer le salut de son âme et le repos de celles de ses ancêtres. Du consentement d'Eustachie, sa femme, il donna, en 1230, à Jean de Ferrières, chevalier, seigneur de Morainvillers, dix livrées de terre à prendre dans cet endroit, et en 1242 il lui concéda la dîme d'une terre appelée le Polet.

1220. Guillaume de la TOURNELLE paraît avec le titre de maréchal de France dans un titre de l'an 1220. Cette même année, Aubert de Hangest ; Guillaume de la Tournelle, maréchal ; Guillaume de Joinville, archevêque de Reims ; Louis, fils aîné du roi de France ; Baudouin de Roye ; Matthieu de Montmorency, connétable ; Pierre, comte de Bretagne ; Robert, comte de Dreux, et d'autres grands seigneurs du royaume, interviennent comme témoins dans le procès existant entre Philippe-Auguste et Guillaume de Seignelay, évêque de Paris, touchant le clos Bruneau. Le titre original, conservé aux Archives nationales, est revêtu du sceau des différents seigneurs qui participèrent à sa rédaction ; nous avons fait prendre l'empreinte de celui de Guillaume de la Tournelle : c'est ce sceau que nous mettons sous les yeux du lecteur, à côté de celui de Robert de la Tournelle.

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1230. Gilles de la TOURNELLE était regardé, du temps de saint Louis, comme un homme de grand savoir et de grande probité.

1240. Jean de la TOURNELLE, chevalier, fils de Robert le Vieux (probablement Robert Ier). Au mois de janvier 1240, il donna trois muids de vin à Montataire pour la fondation d'un anniversaire dans l'église de Saint-Leu d'Esserent, et déclara dans l'acte de donation qu'il voulait être enterré dans cette église avec son père et son frère.

1241. Jean, seigneur de la TOURNELLE, fils de Robert le Jeune (vraisemblablement Robert II), fait don, au mois de mai 1241, à l'église de Saint-Leu, de 40 sols parisis de rente, à prendre sur sa terre de Bailleul-sur-Thère, payables le premier dimanche de carême, à la charge d'un anniversaire annuel. Au mois de décembre suivant, il confirme la donation faite par son père à cette même église de trois muids de vin à prendre en sa maison de Rotheleu pour l'acquit de l'anniversaire qu'il y avait fondé. Il existait à Rotheleu, près Clermont, un hôtel qu'on appelait l'hôtel de la Tournelle : il portait encore ce nom en 1478.

1248. Matthieu de la TOURNELLE, chevalier, prévôt de Saint-Just, était fils de Jean de la Tournelle, seigneur de Villers-Tournelle, prévôt de Saint-Just en 1218. Au mois de juillet 1248, il délivre une reconnaissance attestant que ni lui ni son père n'avaient droit de chasse dans les jardins et l'enclos de l'abbaye de Saint-Just, où ils causaient des dégâts considérables ; il avait épousé la dame du Hamel.

1249. Renaud de la TOURNELLE, chevalier, seigneur de Montataire, fait don, au mois de mai 1249, à l'église de Saint-Leu, de 40 sols parisis de rente, à prendre tous les ans sur sa mairie de Montataire, le jour de la Toussaint, à la charge d'un service annuel pour le repos de l'âme de sa mère. En 1256, il s'engagea à défendre contre tous, et spécialement contre Walon de Montigny, fils de Raoul de Montigny, les droits de l'abbaye de Froidmont ; au mois de mars de cette même année, il donna encore à cette église de Saint-Leu un arpent de vigne et une pièce de pré pour son anniversaire. Renaud avait épousé Helvide, dame de Boves ; devenue veuve, elle vendit, en 1262, les terres que son mari possédait à Montataire.

1270. Gilles de la TOURNELLE et Matthieu de la TOURNELLE sont au nombre des chevaliers désignés pour accompagner Louis IX dans son expédition de Tunis.

Monsieur Gille de la Tournelle ira ly 4 de chevaliers en ce mesure condition et aura XIIcl et mangeront à court.

Monsieur Mahi de la Tournelle soy 4 de chevaliers XIIcl et mangeront à l'hostel du roy. Du Cange, Histoire de saint Louis, page 396.

1285. Renaud de la TOURNELLE ; il était fils ou petit-fils de Raoul de la Tournelle, seigneur de Lignières.

1327. Raoul de la TOURNELLE, écuyer, fut témoin au mariage d'Isabelle, fille de Guillaume, sire du Cardonnoy, avec Jean , seigneur de Foncières (peut-être Francières).

1367. Guillaume de la TOURNELLE, chevalier, seigneur d'Ételfay, vivant en 1367 et 1376 ; il avait épousé Marie ou Marguerite de Habart.

1370. Rogue de la TOURNELLE, écuyer, seigneur de Villers-Tournelle, prévôt de Saint-Just, était fils de Matthieu de la Tournelle, qui vivait en 1248. Il transigea en 1370 avec l'évêque de Beauvais pour les droits qui lui appartenaient à Saint-Just ; en 1377 et 1379, il fournit à l'évêque le dénombrement des fiefs relevant de sa prévôté ; l'année suivante, il vendit à Miles de Dormans, évêque de Beauvais, les terres, fiefs, revenus et dépendances de la prévôté de Saint-Just.

1384. Jean de la TOURNELLE, dit RABACHE, possédait cent quatorze journaux de bois en une seule pièce, et presque toutes les terres de Mortemer.

1384. René de la TOURNELLE, écuyer, seigneur des Petites-Tournelles, fournit le dénombrement du fief des Petites-Tournelles à Hugues de Montmorency, chevalier, seigneur de Beausault et de Breteuil, à cause de son châtel que on dit la Tournelle de Montdidier.

La seigneurie des Tournelles, dont le chef-lieu était à Montdidier, s'étendait non-seulement sur une partie de la ville et de la banlieue, mais elle comprenait encore les terres de Rollot, Mortemer, Mesviller, La Villette, Faverolles, Ételfay, Fignières, Boussicourt, Villers, le Mesnil, le Monchel, la prévôté de Saint-Just, etc. Le fief des Petites-Tournelles relevait des Grandes-Tournelles de Montdidier ; le chef-lieu était au Monchel. Quoique bien moins considérable, ce fief avait cependant dans ses dépendances des mouvances importantes parmi lesquelles on comptait les domaines de Deniécourt et de Foucaucourt.

Dans les titres latins, la famille de la Tournelle est désignée sous les noms de Turricula, Tournella, Tornella, Tournello. Les armes de cette famille, d'après un armorial du quatorzième siècle, étaient : d'or, à cinq tourelles d'azur posées en sautoir. Ces armes n'étaient pas les mêmes pour tous ses membres. Robert de la Tournelle, en 1211, portait cinq tourelles, 1, 2 et 2 ; tandis que Guillaume de la Tournelle, en 1220, ne portait qu'une seule tour maçonnée, offrant beaucoup de ressemblance avec celle qui figure dans les armoiries de Montdidier. On serait mal fondé à croire que notre ville a emprunté ses armes à la famille de la Tournelle ; cent ans environ après l'époque à laquelle vivait Guillaume de la Tournelle, les armes de Montdidier étaient encore le cavalier bardé de toutes pièces avec l'agnus Dei pour contre-scel : on peut se reporter, à cet égard, à ce que nous avons dit au chapitre de la Mairie, § 2.

Le manoir de la Tournelle, situé en face du presbytère de Saint-Pierre, fut détruit en 1474 ; il appartenait à Jean Cailleu, grènetier, seigneur du Forestel et maïeur de Montdidier en 1481-1482 ; les pierres provenant de sa démolition servirent à paver le chœur de Saint-Pierre. La maison bâtie sur le lieu qu'occupait l'hôtel de la Tournelle était assujettie à diverses charges : le seigneur de la Tournelle ou ses officiers pouvaient y faire les publications concernant la seigneurie et y tenir leurs plaids. Le seigneur de la Tournelle avait droit d'y loger lors de son passage à Montdidier, si bon lui semblait. Le propriétaire était tenu d'entretenir deux petites tourelles qui se trouvaient au haut de la maison (on peut en voir le dessin dans la planche représentant l'église de Saint-Pierre, en 1740) ; il devait fournir une salle, des siéges, une table, et 19 sols pour le feu, chaque fois que les officiers de justice des Tournelles s'y assembleraient. Dans le dernier siècle, ces officiers étaient au nombre de trois : un bailli, un greffier et un sergent. Le P. Daire, dans son Histoire de Mondidier, a donné la nomenclature des fiefs relevant des Tournelles.

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