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Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section LXVII

par Victor de Beauvillé

VILLETTE (Jean de la), sieur de Belfay, naquit au mois d'avril 1601 ; il était fils de Jacques de la Villette, avocat du roi en l'élection de Montdidier, et de Marie le Clercq de Cérencourt, fille d'un conseiller en la même élection. Le fief de Belfay, dont il portait le nom, était situé à Ételfay et consistait en cent vingt-six journaux de terre que lui avait laissés son oncle, Pierre de la Villette, fruitier de la maison du roi, qui avait acheté ce fief, le 19 novembre 1594, de Pierre de Thory, écuyer, seigneur d'Hourges et d'Ételfay.

De la Villette suivit d'abord la carrière du barreau, et n'avait que dix-huit ans lorsqu'il plaida sa première cause. Pendant plusieurs années, il exerça avec succès la profession d'avocat ; ensuite il entra dans la magistrature, et se fit recevoir prévôt le 24 avril 1632 : il cumulait en même temps les fonctions d'avocat du roi en l'élection et au grenier à sel de Montdidier. Son désintéressement et ses lumières lui concilièrent l'estime générale ; il soutint avec énergie les priviléges de sa charge, et obtint en faveur de la prévôté divers arrêts qui sont rapportés à la suite de son Commentaire ; mais il expia cruellement cet attachement à ses devoirs. Pierre de Bertin, lieutenant général au bailliage, dépassant toutes les bornes, fit arrêter et emprisonner de la Villette, qui prétendait connaître d'une poursuite criminelle intentée contre un nommé Galand, maréchal à Boulogne-la-Grasse. Le prévôt en appela au parlement, qui déclara l'emprisonnement injurieux, tortionnaire et desraisonnable, et condamna de Bertin à 400 liv. d'amende envers de la Villette. Jean de la Villette mourut le 14 avril 1663 ; il avait épousé, en 1619, Suzanne Cauvel de Beauvillé, fille de Pierre Cauvel de Beauvillé, conseiller au grenier à sel, contrôleur du domaine du roi, et de Louise Dupré. Il en eut huit enfants ; l'aîné, Pierre de la Villette, lui succéda dans la charge de prévôt. Sa veuve mourut le 4 juillet 1669.

Jean de la Villette est auteur d'une épigramme latine insérée en tête du Commentaire de le Caron. S'il n'avait eu que ce titre littéraire pour passer à la postérité, il y a longtemps que son nom serait oublié. Contemporain de Claude le Caron, il s'adonna, comme lui, à l'étude de la Coutume et composa un Commentaire fort estimé, publié en 1726, dans le Coutumier général de Picardie, par Henri de Bertin, lieutenant général au bailliage, son petit-fils. Ce travail est précédé de remarques historiques très-curieuses, mais beaucoup trop courtes, sur les villes de Péronne, Montdidier et Roye. (Voir page 131.)

Les Coutumes du gouvernement de Péronne, Mondidier et Roye, rédigées en l'an 1569, expliquées par les décisions du droit, conférences des coutumes voisines et autres, et conciliées à la doctrine des autheurs anciens et modernes, ordonnances et arrests servants à son interprétation ; par M. Jean de la Villette, seigneur de Belfay, prévost royal, juge ordinaire civil et criminel de la ville et prévosté de Mondidier, avec un discours particulier, contenant quelques remarques historiques sur chacune des trois villes, et une table des principales matières.

Les descendants de Jean de la Villette occupèrent avec distinction la place de lieutenant criminel au bailliage, qu'ils acquirent, en 1670, moyennant 17,000 livres. Le dernier du nom, Lugle-Luglien-Édouard de la Villette, seigneur de la Tour-Mory, arrière-petit-fils de l'auteur du Commentaire, fut anobli, en 1757, pour les services importants qu'il rendit au pays. Il mourut en 1773.

Il existe, dans la collection de Dom Grenier, un extrait d'un manuscrit concernant la ville de Montdidier, écrit par cet Édouard de la Villette et renfermant des renseignements intéressants pour l'histoire de la ville ; j'ignore ce qu'est devenu l'original : il est à craindre qu'il ne soit perdu. La famille de la Villette, l'une des plus considérables de la ville, portait pour armes : d'azur, au chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles d'or, et en pointe d'un épi de blé de même.

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