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Histoire de Montdidier
Volume III - Pièce justificative 102

par Victor de Beauvillé

Pièce justificative 102

Ordre des cérémonies et prières qui s'observent dans la découverte et après la découverte de la châsse des saints Lugle et Luglien, dans la descente et après la descente d'icelle, dans la procession et après la procession.

Cérémonies qu'on observe dans la découverte et après la découverte de lad. châsse.

Messieurs du bailliage et de la mairie de Montdidier dans les nécessités publiques, excités par la voix du peuple, recourent à Dieu par l'intercession des saints Lugle et Luglien, leurs patrons, et viennent requérir les prieur et religieux du prieuré de Nostre-Dame de Mondidier que, pour appaiser la colère de Dieu, la châsse des saints Lugle et Luglien soit découverte, et ensuite descendue et portée en procession si le cas le requiert.

La chose proposée par le Rd père prieur à la communauté, et par elle agréée le même jour, ou le lendemain de la réquisition on découvre lad. châsse après la messe, ou après vêpres : cette cérémonie s'annonce par le carillon des cloches du prieuré ; le Rd père prieur, revêtu en aube et étole, après qu'on a découvert ou ouvert l'armoire du trésor où est la châsse, il l'encense en entonnant le Veni Creator, qui étant fini, le chœur entonne le repons Gaudent in cœlis, et ensuite l'hymne Ad piam cives : après lesquels led. prieur dit le verset et l'oraison desd. saints, et dès ce jour-là on fait un salut après complies qui se chante sur le 8e ton, environ sur les huit heures en été et immédiatement après vêpres en hiver, lequel salut est annoncé par le carillon desdites cloches du prieuré où tous les religieux assistent en froc, et le Rd père prieur dit les versets et oraisons de sa place, les six cierges de l'autel sont allumés et quelques chandelles dans la nef. Pendant lad. neuvaine on continue led. salut pendant neuf jours : on y chante le Miserere mei Deus sur le 2e ton, le trait Domine non secundum, un repons selon la nécessité du temps, l'antienne Sub tuum, le repons Gaudent in cœlis et l'hymne Ad piam cives, et ensuite le prieur dit les versets de la pénitence, Domine non secundum peccata nostra facies nobis. R. Neque secundum iniquitates nostras retribuas nobis. Le verset selon la nécessité du temps. Le verset de la Vierge, Ora pro nobis sancta Dei genitrix. R). Ut digni efficiamur promissionibus Christi. Le verset desd. saints, Exultabunt sancti in gloria. R). Lætabuntur in cubilibus suis. Domine exaudi orationem meam. Dominus vobiscum, etc., ensuite les oraisons, Deus qui culpa offenderis, l'oraison selon la nécessité du temps, l'oraison de la Vierge, Famulorum tuorum quæsumus, etc., et l'oraison des saints, Auge in nobis, Domine, resurrectionis fidem, qui in sanctorum tuorum Luglii et Lugliani reliquiis mirabilia operaris, etc., et missæ sint.

Cérémonies qu'on observe dans la descente et après la descente de lad. châsse.

Quelques jours de la neuvaine des saluts étant dejà passés et les nécessités publiques continuant, lesd. messieurs du bailliage et de la mairie viennent de nouveau requérir lesd. prieur et religieux pour que la châsse soit descendue et portée en procession sans aucunement parler du lieu où elle se doit faire, étant une coutume inviolable que lad. châsse et les chefs sont toujours portés dans l'église du Saint-Sepulcre et non ailleurs : dans des semblables occasions la ville obtient une permission de Mgr l'évêque d'Amiens pour lad. procession générale que lesd. prieur et religieux indiquent de leur autorité à certain jour, et autant que se peut un jour de fête ou de dimanche, et la veille de lad. procession on descend la châsse après les vêpres, qui se disent à trois heures, où se trouvent les corps de ville et grand nombre d'habitants.

Cette cérémonie s'annonce avant et pendant vêpres par le carillon des cloches du prieuré, les vêpres et tout l'office du lendemain se disent ainsi qu'au jour de la translation desd. reliques et les religieux étant revêtus en aubes afin d'être prêts à la fin desd. vêpres, d'aller ensemble au pied de l'autel, où étant arrivé le père prieur, en étole rouge, encense lad. châsse et les deux chefs ; ensuite deux religieux revêtus d'aubes et étoles montent au thrésor pour descendre lad. châsse, et le chantre entonne, Hæc est vera fraternitas, et l'hymne Ad piam cives, et lad. châsse étant descendue elle est portée par le Rd père prieur et le plus ancien religieux sur une table disposée au pied du sanctuaire du côté de l'épître et deux religieux portent les chefs sur une antre table disposée au même pied du sanctuaire du coté de l'évangile, après quoi le père prieur encense lad. châsse et lesd. chefs, et ensuite les salue et les baise le premier et après lui les religieux chacun à son rang. On permet à ceux qui sont dans l'église de les venir baiser. Les corps de la ville commencent, et led. répons et l'hymne achevés le prieur dit le verset et l'oraison desd. saints, on met un bassin et un cierge proche les reliques, et missæ sint. On fait le salut le même jour après complies, comme dessus.

Cérémonies qu'on observe dans la procession et après la procession de lad. châsse.

La veille ou le jour de lad. procession, lesd. prieur et religieux envoyent avertir par leur bedeau en robe et avec la baguette comme de coutume, les cinq curés vicaires perpétuels, les Rds pères Capucins, M. le gouverneur, M. le maire, M. le président de l'élection, M. le prévost et M. le président du grenier à sel, tous chefs des corps de justice, que la procession générale se fera à l'issue des vêpres dud. prieuré qui se disent environ sur les trois heures, les prieur et religieux étant revêtus en aubes.

On annonce lad. procession avant et pendant vêpres par le carillon des cloches dud. prieuré, et les vêpres finies, et tout le clergé et les corps de justice arrivés, le Rd père prieur en étole violette monte avec les religieux au grand autel pour commencer la procession. La châsse y est portée par deux pères Capucins revêtus d'aubes, étoles de diacre et dalmatiques, et les chefs autrefois portés par deux prêtres en surplis sont présentement portés par deux confrères de lad. confrérie desd. saints, lesquels porteurs étant prêts et tout disposé, les chantres entonnent, De Jerusalem exeunt reliquiæ ; la procession commence à partir, les pères Capucins vont les premiers, suivis des églises paroissiales chacune avec sa croix, ensuite le bedeau du prieuré, l'enfant de chœur qui porte l'encensoir, le porte-croix au milieu des céroféraires, les religieux deux à deux et le supérieur au milieu qui ferme la procession, suivent enfin les différents corps de justice.

La susd. antienne (De Jerusalem exeunt reliquiæ) étant finie, le chantre entonne Veni Creator, lequel fini il commence les sept psaumes pénitentiaux sur le 4e ton jusques à l'église du Saint-Sépulcre : en y allant on trouve un reposoir devant l'hostel de ville où l'on s'arrête, et on y chante l'antienne Hæc est vera fraternitas ; ensuite le révérend père prieur dit les versets et oraisons desd. saints, après quoi on reprend les sept psaumes à l'endroit qu'on en étoit resté et qu'on poursuit jusques à l'église dud. Saint Sépulcre, où étant au pied du maître-autel, les religieux entonnent l'Exaudiat. le trait Domine non secundum peccata nostra, le répons des saints : Lux perpetua, au commun des martyrs ; ensuite le père prieur dit les versets, Ostende nobis Domine misericordiam tuam. R). Et salutare tuum da nobis, le verset du sépulcre de Notre Seigneur, Surrexit Dominus de sepulcro. R). Qui pro nobis pependit in ligno, des saints Lugle et Luglien, Exaltabunt sancti in gloria. R). Lætabuntur in cubilibus suis : du roy, Fiat manus tua super virum dextræ tuæ. R). Et super filium hominis quem confirmasti tibi, et les collectes, Deus qui culpa offenderis, du Saint Sépulcre, Omnipotens sempiterne Deus qui angelum : desd. saints, Auge in nobis, Domine resurrectionis fidem, du roi, Quæsumus omnipotens Deus. Après lesd. oraisons finies, on commence les litanies des saints sans les doubler, on les continue jusques à la Croix-Bleue, où il y a un reposoir où l'on chante le repens Gaudent in cœlis et le Rd père prieur dit le verset et l'oraison, ensuite le chantre reprend les litanies à l'endroit qu'on en étoit resté ; elles durent jusque dans notre église, où étant arrivés après qu'on a dit trois fois Agnus Dei ; l'on dit l'antienne selon la necessité du temps et le supérieur les versets et oraisons, et missæ sint ; le même soir on fait le salut après complies, comme cy-dessus.

Cérémonies qu'on observe en remontant la châsse, et à la fin de la neuvaine.

Après la susd. procession, la châsse et les chefs demeurent exposés dans le sanctuaire jusques à la fin de la neuvaine pour donner temps aux actions de grâces, et dévotion du peuple qui en pareille occasion fait paroitre sa grande confiance pour lesd. saints patrons de la ville, au bout de laquelle neuvaine on remonte lad. châsse et soit qu'elle ait été seulement découverte ou descendue et portée en procession, on chante le Te Deum en actions de grâces avec la collecte et le verset après complies et le salut ou les religieux (supposé que la châsse ait été descendue) sont habillés en aubes et le Rd père prieur en étole ; afin qu'après complies et le salut, ils soient prêts d'aller au pied de l'autel où le supérieur encense la châsse, et les deux bustes. Il est précédé du bedeau, des céroféraires et thuriféraires ensuite il revient au maître-autel, et pendant qu'on achève de chanter le Te Deum, les religieux remontent lad. châsse et lesd. chefs, et le Te Deum fini le Rd père prieur dit les versets et oraisons d'actions de grâces, et missæ sint. On sonne toutes les cloches à la volée pendant le Te Deum.

Processions annuelles.

Les miracles de nos saints pendant un siècle entier obligèrent messieurs de la ville de demander à monseigneur l'évêque d'Amiens, en 1627, la permission de célébrer solennellement les fêtes des deux saints dont on recevoit de si grands bienfaits, et ce fut en conséquence de la permission de cet illustre prélat que nous faisons le 23 octobre la fêle de leur martyre, et le premier dimanche du mois celle de la translation de leurs précieuses reliques, et on fait deux processions les deux jours de leurs fêtes après les vêpres du jour dans l'église du Saint-Sepulcre.

Du temps que la chasse des SSts a été portée dans des processions générales.

L'an 1625 que l'air se trouva si corrompu qu'il infecta toute la ville d'une peste dangereuse, la châsse fut portée par toute lad. ville, qui en fut dès ce jour là même purifiée, monsieur Pierre le Caron étant maieur, qui présenta au nom de tout le peuple une requeste pour faire descendre la châsse des glorieux martyrs ; la même chose arriva pour pareil un peu après le passage de l'ennemi en cette province 1636, car la peste cessa incontinent après la procession faite.

L'an 1652, pour la sécheresse extraordinaire et qui désolait toute la campagne, elle fut descendue et portée à l'église du Saint-Sepulcre après que messieurs les officiers de la ville en eurent supplié les religieux.

L'an 1660, M. de Gamant, de la ville, demanda une procession pour obtenir de la pluie qui tomba ensuite en très-grande abondance.

L'an 1694, il y eut une procession générale pour obtenir de la pluie.

L'an 1713, il y eut une procession générale pour les pluies continuelles qui cessèrent en même temps.

L'an 1718, il y eut une procession générale pour obtenir de la pluie, ce qui arriva avant que la châsse fut rentrée dans l'église du prieuré.

L'an 1723, il y eut une procession générale pour obtenir de la pluie.

L'an 1725, il y eut une procession générale pour faire cesser les pluies qui ne laissaient aucune espérance de récolte.

L'année 1731, le 24me avril, la ville démanda la decouverte de la châsse.

L'année 1731, le 26me juin, la ville demanda la descente de la châsse et la procession générale qui fut faite le premier de juillet pour obtenir de la pluie. Ladite procession fut faite le même jour que tomba la procession annuelle desd. saints, le premier dimanche de juillet.

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