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Histoire de Montdidier
Volume III - Pièce justificative 119

par Victor de Beauvillé

Pièce justificative 119

J'avais chargé mon frère de m'acheter, à Paris, l'Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, par le P. Anselme ; il m'adressa à ce sujet une épître en vers, dans laquelle il trouva moyen de grouper avec bonheur le nom de plusieurs célébrités montdidériennes, ce qui m'a décidé à faire imprimer une partie de cette pièce, qui était loin d'être destinée à la publicité.

A MON FRÈRE.


Enfin je l'ai trouvé, ce livre, ce trésor
Objet de tes regrets, de tes vœux, cher Victor.
Chez le fameux Techner, dans ce bazar immense
Où le riche amateur fait montre de science,
Je t'aperçois : soudain son titre glorieux
D'un prestige nouveau s'illumine à mes yeux.
Instruit par tes leçons, je refoule en mon âme
D'un désir trop ardent l'impétueuse flamme :
Mon regard s'est voilé, mon front s'arme d'airain,
Et de moi je suis maître ainsi qu'un vieux Romain.
Aux discours du libraire opposant le silence,
Je le laisse à loisir user son éloquence.
Il capitule enfin, et je cours en vainqueur
Au carrefour voisin m'assurer d'un porteur,
Qui, gémissant du poids de ma docte conquête,
M'accompagne au logis tout en courbant la tète.
A toi, maintenant, frère, à toi ce monument
Des veilles, des travaux d'un solide talent.
Anselme est du savant la plus parfaite image.
On ne le vit jamais, plein de fiel ni de rage,
Diffamant celui-ci, déchirant celui-là,
Se poser en docteur et s'écrier : Voilà !
Il écrit devant Dieu : il sait, il est modeste,
Et poursuit son chemin sans s'occuper du reste.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Combien j'aime à te voir, penché sur ton bureau,
Fouillant avec amour dans la nuit du tombeau,
Des temps qui ne sont plus interrogeant l'histoire,
Et rendant au passé sa légitime gloire !
Tu redis des anciens les usages, les lois :
Comtes et gouverneurs surgissent à ta voix.
A. côté de Raoul, dont la tombe de pierre
De la Fabrique en vain réclame une barrière,
Apparaît Haizecourt, à Péronne un héros,
Et créé chevalier pour prix de ses travaux.
Puis viennent nos maïeurs, ces figures antiques
Modèles de courage et des vertus publiques :
L'intrépide Févin, le Caron, Cocquerel,
Saint-Fussien, Bosquillon et notre aïeul Cauvel,
Dont la verve à vingt ans, brillant dans la carrière,
Un jour d'élection confondit la Morlière.
Plus loin je vois Fernel, ce maître sans égal,
Qui sut donner au trône un rejeton royal.
Bon de Merbes ; Dufeu ; Manet, la providence
Du talent au berceau trahi par l'indigence.
L'ingénieux Caussin ; les trois Capperonnier
Que Thory suit de près, puis enfin ... Parmentier !
Ta plume, de chacun retraçant l'existence...
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Félix de Beauvillé.

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